Étiquettes
Les premières phrases
« Dans quelques années, nos villes seront peut-être jalonnées de bornes de connexion. Celles-ci seront principalement destinées à recharger les batteries de nos véhicules électriques. On pourra également y recharger nos smartphones ainsi que tous les autres petits appareils électroniques de compagnie qui ne nous quitteront plus. Les personnes âgées que nous serons majoritairement devenues trimbaleront avec elles de petits réfrigérateurs de poche pour conserver à l’abri leurs médicaments… A chaque coin de rue, la connexion sera facilitée. L’homme connecté sera devenu réalité.
Faisons un rêve. Imaginons qu’à côté de ces bornes électroniques des bornes de déconnexion soient également installées, où les humains s’arrêteront pour se reposer. Ce sera leur manière à eux de se « débrancher », une occasion, en quelque sorte, de recharger leurs propres « batteries » naturelles. Ces bornes prendront peut-être la forme de petites maisons ou de mini-monastères au milieu des innombrables tours transparentes et high-tech qui accueilleront désormais la majeure partie de la planète. En ces lieux, le silence sera la règle. Un point commun les définira : ici nul n’entrera muni d’un appareil technologique. On les déposera ou on les éteindra avant d’entrer. «
Circonstances de lecture
Je ne lis quasiment jamais d’essais, sauf dans le cadre professionnel. Ici, c’est pourtant avec plaisir que je me suis lancée dans la lecture de cet essai. Pour deux raisons : tout d’abord, j’en connais l’auteur ; et, surtout, le thème de la déconnexion ne pouvait me laisser indifférente, moi qui lis des livres justement pour m’évader un temps de la réalité !
Impressions
Un livre qui se lit d’une traite, télé, radio et portable éteints. Pour profiter au maximum de cette réflexion sur la déconnexion.
On a tous été, un jour ou l’autre, passablement frustré et énervé de passer un dîner en compagnie d’un ou plusieurs ami(e)s scotché(s) à leurs mobiles… On a tous été, un jour ou l’autre, stressé par les appels incessants de la petite lumière rouge de notre Blackberry indiquant l’arrivée d’un nouvel e-mail… On a tous été, un jour ou l’autre, tenté d’envoyer valser les nouvelles technologies, si pratiques mais aussi tellement stressantes et contraignantes. Dans son essai, reposant sur de nombreuses lectures, résultats d’études et exemples concrets, Rémy Oudghiri met le doigt là où ça fait mal, tout en apportant des pistes de solutions possibles. Et si, finalement, se déconnecter, c’était tout simplement cela : ne pas oublier de vivre ? Alors, oui, déconnectons et prenons le temps de mieux vivre avec les autres et avec soi. La lecture, évidemment, en est un parfait moyen !
Un passage parmi d’autres
La déconnexion vécue par Thoreau dans les bois de Walden marque une étape fondatrice dans la vie d’un individu. Elle a une fonction régénératrice. A nous, contemporains, elle enseigne à nous méfier des modes de vie dominants. Elle nous incite à les regarder sous un angle critique et à nous poser une simple question : suis-je vraiment certain que ces modes de vie contribuent à mon épanouissement personnel ? Suis-je vraiment moi-même en les adoptant sans y réfléchir ? Bien sûr, on imagine mal chaque individu retournant aujourd’hui dans les bois pour s’interroger sur le sens de sa vie. Mais l’exemple et la lecture de Thoreau sont là pour nous rappeler, bien des siècles après Sénèque, l’importance qu’il y a, à un moment de notre vie, de faire un pas de côté. Et de déconnecter un peu. C’est une façon de maintenir intacte notre humanité.
Déconnectez-vous ! – Rémy Oudghiri – mars 2013 (Editions Arléa)