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Les premières phrases
« Vêtus de leurs traditionnelles vestes de cuir, hautes en couleur, qui leur descendaient jusqu’aux genoux, les hommes des Aulnes se présentèrent devant leur souverain, vieillard imposant à la tête chenue. Celui-ci les reçut dans sa longue salle carmin. Confortablement installé sur son trône sculpté, il écouta leur porte-parole.
Tels furent ses propos :
– Pendant sept cents ans, les chefs de votre ascendance nous ont admirablement gouvernés. Leurs hauts faits sont chantés par les jeunes ménestrels qui nous les font revivre dans leurs ballades argentines. Pourtant, les générations se succèdent et rien de nouveau ne se produit.
– Quel est donc votre souhait ? s’enquit le souverain.
– Nous voudrions être gouvernés par un seigneur doté de pouvoirs magiques.
– Qu’il en soit ainsi, reprit le monarque. Cela fait cinq cents ans que le parlement n’a pas adressé de requête et il en sera toujours fait selon la volonté du peuple. Vous vous êtes exprimés. Qu’il en soit donc ainsi. »
Circonstances de lecture
Qui pourrait résister à cette beauté ?
Impressions
Cette lecture hors du temps fait un bien fou ! Ce roman merveilleux, édité pour la première fois il y a tout juste cent ans, n’a pas pris une ride. D’autant que les éditions Callidor ont eu la très bonne idée de le rééditer en lui offrant un écrin superbe, illustré par Célia Beauduc.
Lord Dunsany, grâce à sa magie des mots, nous embarque dans un conte de fées intemporel situé au Val des Aulnes, un pays d’Hommes jouxtant le pays des Elfes. Grâce à la plume onirique de Lord Dunsany, on ressent la beauté des paysages de la campagne anglaise, la fraîcheur du vent soufflant sur les champs, le souffle des renards courant aux côtés d’une licorne échappée du monde enchanté, les pas légers du jeune chasseur intrépide, la ténacité et la folie d’un roi n’aspirant qu’à retrouver l’être aimé, la magie de la sorcière et celle du roi des Elfes, la frontière crépusculaire séparant les deux mondes, et la tristesse de la princesse Lirazel.
Surtout, on ressent le pouvoir du temps, ce temps si différent d’un monde à l’autre : trop pressé dans le monde des Hommes (nos contrées familières), quasiment à l’arrêt au royaume des Elfes. Lord Dunsany nous entraîne au pays des rêves, tout en nous faisant réfléchir à la tyrannie du temps, au passage à l’âge adulte, à la peur de l’inconnu et de l’étranger, ou encore au pouvoir de l’imagination et à la magie de la nature que l’on a malheureusement tendance à ne plus contempler.
Cette lecture merveilleuse m’aura touchée en plein cœur, me faisant vivre une parenthèse enchantée au ralenti, loin du temps accéléré et de l’urgence de notre monde moderne. Une pépite de la Fantasy !
À noter : Outre la couverture, Célia Beauduc a réalisé 15 illustrations qui parsèment le roman. À la fin de l’ouvrage, un cahier graphique présente les différentes couvertures qu’a arboré au fil du temps ce classique de la Fantasy.
Lord Dunsany – La Fille du roi des Elfes – Octobre 2024 – Callidor (traduit de l’anglais par Brigitte Mariot)