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Ogawa Ito - Le restaurant de l'amour retrouvéLes premières phrases

«  Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j’ai un petit boulot, l’appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu’aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu.

Un instant, j’ai cru que je m’étais trompée de porte. Mais j’avais beau vérifier et revérifier, c’était bien ici, le nid d’amour où je vivais avec mon petit ami indien. La tache en forme de cœur, abandonnée au plafond, en était la preuve irréfutable. 

On aurait dit le jour où l’agent immobilier nous avait montré l’appartement pour la première fois. Seulement, à la différence de jour-là, il flottait dans la pièce un léger parfum de garam masala et, au beau milieu du salon désert, luisait la clé de mon copain.  »

Circonstances de lecture

Parce qu’il m’a été chaudement recommandé par une amie.

Impressions

Lire « Le restaurant de l’amour retrouvé » d’Ogawa Ito, c’est respirer les parfums de la cuisine japonaise, sentir la douceur des fleurs des arbres fruitiers, être saisi par la fraîcheur de l’hiver. Dès les premières phrases, j’ai été emportée par cette belle histoire aux saveurs sucrées salées.

Un soir, Rinco rentre chez elle pour découvrir un appartement entièrement vide, ses meubles, ses ustensiles de cuisine et son amoureux envolés. Elle en perd littéralement la voix. Elle qui avait fui le logement familial, elle revient vivre dans le village de sa mère, avec qui elle entretient des rapports très froids. Bien que muette et bouleversée par le départ subit de l’homme qu’elle aime, Rinco prend son destin en main et décide d’ouvrir son propre restaurant. Pour elle, la cuisine est un art de vivre et elle met tout son talent en œuvre pour changer la vie de ses convives à travers ses petits plats.

Un gros coup de cœur ! La plume poétique de l’auteur se marie à merveille à cette histoire pleine d’émotions.

Un passage parmi d’autres

 Je rangeais toujours la jarre de saumure dans le réduit du compteur à gaz, à côté de la porte d’entrée, où la température et l’humidité étaient idéales. Il y faisait frais même au cœur de l’été, et inversement, en hiver, la température était plus élevée que dans le réfrigérateur, c’était parfait pour la conserver.

C’était un précieux souvenir de ma grand-mère.

Je vous en prie. Faites que la saumure soit encore là…

J’ai ouvert la porte en priant : la chère jarre m’attendait patiemment dans l’obscurité.

J’ai ôté le couvercle et inspecté l’intérieur. Pas de doute, la forme imprimée ce matin par la paume de ma main était toujours visible. Des feuilles de navet vert pâle émergeaient à la surface. Les navet en saumure, épluchés en laissant seulement une petite touffe de feuilles et incisés en croix à l’extrémité, sont doux et juteux.

Ouf !

Instinctivement, j’ai pris la jarre à deux mains et l’ai serrée contre ma poitrine. Elle était toute fraîche. C’était mon ultime planche de salut.

Ogawa Ito – Le restaurant de l’amour retrouvé – 2013 (Philippe Picquier)

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