Étiquettes

, , , , , , , , , ,

Les premières phrases

« Pas qu’ils l’utilisent souvent, cette porte. Mais quand même. Où est-que la maison a pu la fourrer, encore ? Normalement, le Pahr s’inquièterait pas. La maison, elle aime turlupiner. C’est jamais bien méchant, hein. Les godillots qui disparaissent de là où ils étaient rangés. L’eau qui sort un peu fort du robinet et tape sur la figure. Des enfanteries. Bon, parfois quand l’est grogneuse, là, elle mord méchant, d’accord, mais c’est pas commun non plus. Faut bien que la maison cultive son respect.

Mais là, le Pahr a regardé, et la porte est nulle part. »

Impressions

Voici un roman surprenant. Attirée tout d’abord par la couverture (signée Anouck Faure), j’ai décidé d’en lire les premières lignes et ce langage bizarre m’a aussitôt happée. Et me voilà à dévorer ce roman écrit d’une plume originale par Gwen Gwilyn.

Tout commence par le Pahr qui n’arrive plus à mettre la main sur la porte de la maison. La Mahrgrand, elle le prend pour un bon à rien. Pas capable de retenir le Fils qui est parti, pas capable de bien élever ses Filles. Et parlons-en d’ailleurs de ses Filles. Normalement, il devrait y en avoir qu’une. À quoi elle sert l’aut’ Fille ? Et l’Ongre là, qui fait que donner des coups de pieds aux murs, à rire bêtement, il sert pas à grand chose non plus. Et maintenant qu’il n’y a plus de porte, qu’est-ce qu’on va faire ? C’est que la maison, elle déblatère sans arrêt, elle a la bougeotte de ses murs, elle hésite pas à tout tarabiscoter de l’intérieur. Faudrait pas que la famille, elle fasse n’importe quoi, sinon la maison pourrait bien avoir envie de les bouffer tout cru !

Vous l’aurez compris, ce roman a son parler bien à lui et c’est un régal ! C’est une lecture étrange, malaisante par moments, qui flirte avec l’horrifique pour nous proposer au final une très bonne critique des carcans familiaux. C’est en tout cas comme cela que je l’ai compris. Cette lecture va assurément rester longtemps dans ma mémoire.

Gwen Guilyn – La maison biscornue – Octobre 2024 – Les éditions du Panseur