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Les premières phrases

« Pas un nuage dans le ciel aujourd’hui. Le soleil tape comme il n’a pas tapé depuis des semaines. Pas de vendur, pas de poussière pour m’encrasser les poumons ni pour me dissimuler. Je n’arrive pas à sortir de cette benne en métal où j’ai passé la nuit, roulée en boule contre des tissus qui me protègent de moins en moins de la chaleur. Je suis bloquée dans ce quartier, je tourne en rond. C’est pas une vie d’errer comme ça, sans endroit où je puisse rester plus de quelques heures. Je suis tout ankylosée, si seulement je pouvais déplier mon corps. Mais hors de question de sortir d’ici sans savoir où aller. Je ne me ferai pas repérer par un têtard, je ne me laisserai pas humilier une fois de plus. Qu’est-ce que je donnerais pas pour une bassine d’eau claire, ça me rafraîchirait les idées ! Mais les bassines d’eau claire, à la grande verdure, il n’y en a que pour les plantes. Car chaque conversation est une plante. L’eau est précieuse, on ne la gaspille pas juste parce qu’on passe une mauvaise journée. « 

Impressions

Ce roman sort le 4 septembre chez La Volte et je ne peux que vous conseiller de vous précipiter dessus à sa sortie ! Dans le futur imaginé par l’autrice Lucie Heder, l’effondrement de notre société actuelle n’est finalement qu’un grand début. Malgré les crues et les vents de poussière, des communautés se reconstruisent. A l’instar de la grande verdure, cette communauté vivant en hauteur et ayant créé une forme de communication et de gestion des émotions par les plantes. Reste que Lierre ne s’y sent pas à sa place. Elle en a marre de devoir se taire, de devoir calfeutrer sa colère, et de se conformer à cette forme de communication restreinte. Elle part donc et croise un électron libre, Sable, qui, au contraire de la grande verdure, déborde d’émotions.

Ce roman est beau, original, et la plume est superbe. Lucie Heder y parle avec justesse de gestion et de contrôle des émotions, de manières de vivre ensemble, de survivalisme, de cohabitation avec une nature indomptable. Et puis, ça fait du bien de lire des autrices proposant des visions de futurs possibles, ouverts et vivables, malgré tout.

La grande verdure – Lucie Heder – Septembre 2025 – La Volte – Couverture de Zariel