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Le maître des illusions – Donna Tartt

17 samedi Mai 2014

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Critique de livre, Donna Tartt, Le maître des illusions, Pocket, roman

Donna Tartt - Le maître des illusionsLes premières phrases

«  La neige fondait dans la montagne et Bunny était mort depuis plusieurs semaines quand nous avons fini par comprendre la gravité de notre situation. Il était mort depuis dix jours quand on l’a trouvé, vous savez. Ce fut l’une des plus grandes chasses à l’homme dans l’histoire du Vermont – la police fédérale, le FBI, même un hélicoptère de l’armée ; l’université a fermé, l’usine de teinture de Hampden s’est arrêtée, des gens sont venus du New Hampshire, du nord de l’État de New York et même de Boston.

Il est difficile de croire que le modeste plan de Henry ait pu si bien marcher malgré ces événements imprévus. Nous n’avions pas eu l’intention de cacher le corps là où on ne l’aurait pas retrouvé. En fait, nous ne l’avions pas du tout caché, mais simplement laissé là où il était tombé dans l’espoir qu’un passant infortuné tomberait dessus avant qu’on ait même remarqué son absence. L’histoire se racontait d’elle-même, simple et évidente: les cailloux instables, le corps au fond du ravin avec le cou cassé, les traces boueuses des talons glissant vers le bas ; un accident de randonnée, ni plus ni moins, et ç’aurait pu en rester là, quelques larmes et une petite cérémonie, sans la neige qui est tombée cette nuit-là ; elle l’a recouvert sans laisser de traces, et dix jours plus tard, quand le dégel a fini par venir, la police fédérale, le FBI et les sauveteurs de la ville ont tous vu qu’ils avaient marché à l’endroit de son corps jusqu’à ce que la neige soit tassée comme de la glace. « 

Circonstances de lecture

J’avais très envie de lire le premier roman de Donna Tartt après l’avoir découverte avec Le Chardonneret.

Impressions

Arrivé à l’université, Richard cache ses origines modestes à ses camarades. Très vite, il se retrouve dans la classe du professeur Julian, un enseignant ayant choisi d’enseigner les langues mortes à un petit groupe d’élèves sélectionnés par ses soins. Une communauté rassemblant des personnalités étranges, mystérieuses et en marge. Malgré lui, Richard devient peu à peu leur confident… et finit par découvrir leur sombre secret.

Un roman haletant et prenant. Si, dès le début, on sait que l’un des membres de ce petit groupe finira tué, le suspens n’en est pas moins présent. Au contraire ! Une superbe écriture.

Un passage parmi d’autres

 « Henry, mon Dieu », ai-je fini par dire, d’une voix plate et bizarre, même à mes propres oreilles.

Il a haussé un sourcil sans rien dire, son verre vide à la main, le visage à moitié dans l’ombre.

Je l’ai regardé. « Mon Dieu. Qu’est-ce que vous avez fait? »

Il a eu un sourire sans joie, et s’est penché hors du cône de lumière pour se servir un scotch. « Je crois que tu en as déjà une assez bonne idée. Maintenant, laisse-moi te poser une question. Pourquoi nous as-tu couverts ? »

« Quoi ? »

« Tu savais que nous allions quitter le pays. Tu l’as toujours su et tu n’as rien dit à personne. Pourquoi ça ? »

Les murs s’étaient évanouis et la pièce était obscure. Le visage d’Henry, sous la lumière crue de la lampe, se détachait sur un fond noir. De rares éclats lumineux scintillaient sur le bord de ses lunettes, brillaient dans les profondeurs ambrées de son whisky, se reflétaient en bleu dans ses yeux.

« Je ne sais pas.

Il a souri. « Non ? »

Je l’ai contemplé sans rien dire.

« Après tout, nous ne t’avions pas mis dans le secret. »

Son regard intense ne me quittait pas. « Tu aurais pu nous arrêter à n’importe quel moment et tu ne l’as pas fait. Pourquoi? »

« Henry, au nom de Dieu, qu’avez-vous fait ? »

Il a souri. « Toi, dis-le-moi. »

Et le plus horrible était que d’une certaine façon je le savais. « Vous avez tué quelqu’un, n’est-ce pas ? »

Il m’a regardé un bref instant et alors, à ma surprise totale, absolue, il s’est adossé à sa chaise et s’est mis à rire.

« Un bon point pour toi. Tu es aussi malin que je le pensais. Je savais que tu le devinerais, tôt ou tard, et c’est toujours ce que j’ai dit aux autres. »

Donna Tartt – Le maître des illusions – 1992 (Pocket)

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Le chardonneret – Donna Tartt

16 dimanche Mar 2014

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Critique de livre, Donna Tartt, feux croisés, Le chardonneret, Plon, roman

Donna Tartt - Le chardonneretLes premières phrases

«  J’étais encore à Amsterdam lorsque j’ai rêvé de ma mère pour la première fois depuis des années. J’étais enfermé dans ma chambre d’hôtel depuis plus d’une semaine, craignant de téléphoner à quiconque ou même de sortir ; mon cœur s’emballait et s’agitait aux bruits les plus innocents : la sonnette de l’ascenseur, le cliquetis du chariot de minibar, jusqu’aux cloches des églises, la Westertoren, le Krijtberg, sonnant les heures, le liséré sombre de leurs résonances métalliques, incrusté d’une sinistre prophétie digne d’un conte de fées. Pendant la journée, je restais assis au pied du lit et me forçais à décrypter les informations en néerlandais à la télévision (effort voué à l’échec puisque je ne connaissais pas un traître mot de cette langue), et, quand j’abandonnais, je m’asseyais près de la fenêtre et fixais le canal, mon pardessus en poil de chameau jeté sur les épaules – j’avais quitté New York à la hâte et les vêtements que j’avais emportés n’étaient pas assez chauds, même à l’intérieur.

Au-dehors tout n’était qu’effervescentes réjouissances. C’était la période de Noël et des lumières clignotaient sur les ponts du canal le soir ; des damen et des herren aux joues rouges roulaient en ferraillant sur les pavés, leurs écharpes volant dans le vent glacial, des sapins arrimés sur le porte-bagages de leurs vélos. L’après-midi, un orchestre amateur jouait des chants de Noël qui flottaient, minuscules et fragiles, dans l’air hivernal.

Les plateaux chaotiques du service en chambre ; trop de cigarettes ; la vodka tiède du duty free. Durant ces journées agitées et confinées, j’en suis venu à connaître le moindre centimètre de la chambre, tout comme un prisonnier en vient à connaître sa cellule. »

Circonstances de lecture

J’ai eu très envie de me plonger dans ce pavé.

Impressions

Première lecture de cet auteur… et ce ne sera pas la dernière ! Dès les premières pages, j’ai été happée par l’écriture de Donna Tartt et par l’histoire de ce petit garçon sur lequel le sort s’acharne.

Théo voit sa vie basculer le jour où sa mère disparaît dans un événement tragique. Il se retrouve alors presque malgré lui en possession d’un tableau d’une valeur inestimable, « Le Chardonneret » du peintre Carel Fabritius. Incapable de s’en séparer malgré la peur de se faire arrêter, Théo voit sa vie irrémédiablement liée à celle du tableau. Certes, ce livre est long (près de 800 pages, oui !), mais croyez moi, on ne se lasse pas de ce pavé ! Une très belle histoire. Une très belle plume.

Un passage parmi d’autres

 Les événements auraient mieux tourné si elle était restée en vie. En fait, elle est morte quand j’étais enfant ; et bien que tout ce qui m’est arrivé depuis lors soit ma faute, à moi seul, toujours est-il que, lorsque je l’ai perdue, j’ai perdu tout repère qui aurait pu me conduire vers un endroit plus heureux, vers une vie moins solitaire ou plus agréable.

Sa mort est la ligne de démarcation entre avant et après. Et même si c’est triste à admettre après tant d’années, je n’ai jamais rencontré personne qui m’ait autant donné le sentiment d’être aimé. En sa présence, tout prenait vie ; elle projetait autour d’elle une lumière théâtrale enchantée, si bien qu’à travers ses yeux le monde se parait de couleurs éclatantes – je me souviens, quelques semaines avant sa mort, d’un dîner tardif avec elle dans un restaurant italien de Greenwich Village, et comment elle avait agrippé ma manche alors qu’elle contemplait le spectacle presque douloureusement beau d’un gâteau d’anniversaire hérissé de bougies traversant la salle et dont les flammes tremblotantes formaient un cercle lumineux, flottant sur le plafond sombre, puis le gâteau resplendissant avait été déposé au milieu du cercle de famille et le visage d’une vieille dame était devenu béat tandis que des sourires jaillissaient tout autour d’elle et que les serveurs reculaient, les mains dans le dos – un repas d’anniversaire ordinaire comme on peut en voir dans n’importe quel restaurant familial de Manhattan, et je suis sûr que je ne m’en souviendrais même pas si elle n’était pas décédée si peu de temps après, ce qui fait que j’y ai repensé encore et encore après sa mort, et que j’y repenserai sans doute toute ma vie : ce cercle éclairé par les bougies, tableau vivant du bonheur quotidien et ordinaire qui s’est envolé quand je l’ai perdue.

Le chardonneret – Donna Tartt – 2013 (Plon – feux croisés)

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