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Anna Gavalda - BillieLes premières phrases

«  On s’est regardés méchamment. Lui parce qu’il devait penser que tout était de ma faute et moi parce que ce n’était pas une raison pour me regarder comme ça. Des bêtises, j’en ai tellement fait depuis qu’on se connaît, et il en a tellement profité, et il s’est tellement marré grâce à moi, que c’était minable de sa part de me reprocher celle-ci juste parce qu’elle allait mal finir… 

Merde, comment je pouvais le savoir ?

Je pleurais.

– Ça y est ? T’as des remords ? il a murmuré en fermant les yeux. Non… Je suis bête… Les remords, tu…

Il était trop épuisé pour avoir la force de m’en vouloir jusqu’au bout. Et puis c’était inutile. Là-dessus, on serait toujours d’accord. Moi, les remords, je ne sais même pas comment ça s’écrit…

Nous étions au fond d’une crevasse ou de je ne sais quoi de géographiquement très embêtant. Un genre de… de déboulis dans le Parc national des Cévennes où les portables ne captaient pas, où y avait pas la queue d’un mouton – et encore moins celle d’un berger – et où personne ne nous trouverait jamais. Moi, je m’étais bien amoché le bras, mais je pouvais encore le bouger, alors que lui, c’était clair, il était en mille morceaux.

J’ai toujours su qu’il était courageux, mais là, vraiment, il me donnait une leçon.

Encore une… »

Circonstances de lecture

Parce que c’est Anna Gavalda.

Impressions

Ne vous arrêtez pas à la couverture (hideuse, oui!), ni à la taille (seulement 223 pages) du dernier Anna Gavalda. « Billie » est un petit bijou de lecture, un concentré de bonne humeur et d’émotions. Il vous donnera instantanément le sourire. L’héroïne du roman, Billie, tombée au fond d’une crevasse avec son ami Franck, tente de surmonter son découragement en nous prenant à témoin, nous lecteurs transformés en sa bonne étoile. Elle nous parle avec ses mots à elle, ce qui donne au roman une fraîcheur instantanée.

Encore une fois, Anna Gavalda nous fait suivre la trace de deux abîmés de la vie, réunis grâce à Alfred de Musset et « On ne badine pas avec l’amour ». Un beau petit livre sur tous ceux qui se sentent en marge, et qui essaient, envers et contre tout, de s’en sortir tout en restant eux-mêmes.

Un passage parmi d’autres

 Et puis, vous savez, je ne pense pas qu’on soit si clichés que ça. Je pense que dans tous les collèges de France et d’ailleurs, que ce soit à la campagne ou dans les villes, y en a plein les salles de permanence, des clandestins dans notre genre…

Des combattants de l’invisible, des délocalisés d’eux-mêmes, des qui sont en apnée du matin au soir et qui en crèvent parfois, oui, qui finissent par lâcher prise si personne les repêche un jour ou s’ils n’y arrivent pas tout seuls… En plus, je trouve que je le raconte vraiment soft pour le coup. Pas pour vous épargner de la gêne ou à moi des critiques, mais parce que le soir d’un de mes anniversaires, celui de mes vingt-deux ans je crois, j’ai fait reset.

Je me suis réinitialisée devant lui et j’ai juré à Franck Muller que c’était fini. Que je ne me laisserais plus jamais me faire du mal.

Et la petite Cosette, peut-être qu’elle manque d’imagination, mais en attendant, elle tient ses promesses.

Billie – Anna Gavalda – 2013 (le dilettante)