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Les premières phrases
« Les gens de mon âge se souviennent tous de l’endroit où ils se trouvaient et de ce qu’ils étaient en train de faire lorsqu’ils ont entendu parler du concours pour la première fois. Moi, j’étais dans ma planque et je regardais des dessins animés lorsque le bulletin d’informations était tombé, interrompant mon flux : James Halliday était mort pendant la nuit.
Je savais qui était Halliday. Comme tout le monde. C’était lui qui avait conçu l’OASIS, l’énorme plateforme multijoueur en réseau à l’origine du système de réalité virtuelle mondial dont la plus grande partie de l’humanité se servait désormais au quotidien.
Je n’ai pas tout de suite compris pourquoi les médias accordaient tant d’importance à la mort du milliardaire. Après tout, les Terriens avaient bien d’autres soucis : la crise énergétique qui n’en finissait pas, le désastre du changement climatique, la famine, partout la pauvreté et la maladie, et puis une bonne demi-douzaine de guerres en cours. Comme on dit, « chiens et chats ne font pas bon ménage… », et c’était l’hystérie générale. D’habitude, les infos n’interrompaient pas les sitcoms et autres séries interactives à moins que quelque chose de vraiment grave soit arrivé, comme une nouvelle épidémie virale mortelle, ou la disparition d’une grande ville sous un champignon atomique. Des trucs énormes dans ce goût-là. Halliday était certes célèbre, mais sa mort ne méritait pas plus qu’un court reportage au journal du soir pour que la plèbe puisse secouer la tête avec envie au moment où les journalistes annonceraient le montant obscène qu’allaient toucher les héritiers du riche défunt.
Mais c’était justement là que ça coinçait. James Halliday n’avait aucun héritier. »
Circonstances de lecture
Un livre de SF conseillé par mes libraires.
Impressions
« Player One » est un livre de SF rapidement addictif. Lorsque que James Halliday, l’inventeur d’un univers virtuel géant, l’OASIS, meurt, il lègue sa fortune à qui réussira à trouver l’œuf qu’il y a caché ! Débute alors une gigantesque chasse au trésor dans l’univers des jeux vidéos, des séries TV, dessins animés et autres tubes des années 70-90. Alors que les hommes préfèrent s’évader dans cet univers virtuel pour échapper à une réalité des plus dures, cette quête devient vite mondiale.
Pas besoin d’être un geek pour devenir « addict » à ce livre ! Même si, bien entendu, de nombreuses références vous échapperont ! Je ne suis pas une geek et pourtant j’ai beaucoup aimé « Player One ». Ça donne envie, notamment, de rejouer à Pac Man ! Une adaptation au cinéma est prévue… avec Steven Spielberg aux commandes !
Un passage parmi d’autres
Alors que je me tenais là, sous les néons sinistres de mon minuscule studio, je ne pouvais ignorer la vérité. Dans la vraie vie, je n’étais qu’un ermite asocial, un reclus, un geek au teint pâle obsédé par la culture pop, un agoraphobe qui vivait confiné, sans véritables amis, famille ni autre relation humaine authentique. Je n’étais qu’une de ces âmes tristes, perdues et solitaires qui gâchaient leur vie en la consacrant à un vulgaire jeu vidéo.
Mais pas dans l’OASIS. Là-bas, j’étais le grand Parzival, chassœuf célèbre dans le monde entier. Les gens me demandaient des autographes. J’avais un fanclub. Plusieurs, en fait. On me reconnaissait partout où j’allais (mais seulement quand j’avais envie d’être reconnu). On me payait pour recommander des produits. Les gens m’admiraient. On m’invitait aux soirées les plus fermées. Je fréquentais les clubs les plus branchés sans jamais faire la queue. J’étais une icône de la culture pop, une rock star de la réalité virtuelle. Et dans les cercles de chassœufs, j’étais devenu une légende. Non, un dieu.
Je me suis assis et j’ai enfilé mes gants, puis ma visière. Après vérification de mon identité, le logo de Gregarious Simulation Systems s’est affiché devant moi, suivi d’un message m’invitant à me connecter.
Salutations, Parzival.
Veuillez fournir votre sésame.
Je me suis éclairci la voix et j’ai récité la phrase secrète. Chaque mot s’affichait au fur et à mesure.
– Personne dans le monde n’accède jamais ni à ses désirs ni à ce qui est beau.
Quelques instants plus tard, j’ai laissé échapper un soupir de soulagement tandis que l’OASIS se matérialisait tout autour de moi.
Ernest Cline – Player One – 2015 (Pocket)