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Les premières phrases
» Au printemps de sa vingt-deuxième année, Sumire tomba amoureuse pour la première fois de sa vie. Cet amour aussi dévastateur qu’une tornade dans une vaste plaine ravagea tout sur son passage, lançant des choses dans les airs, les réduisant en menus morceaux, les écrabouillant sans ménagement. Avec une violence qui ne connaissait pas un instant de relâchement, la tornade souffla sur les océans, réduisit sans pitié le site d’Angkor Vat à néant, incendia la jungle indienne et les malheureux tigres qui y vivaient encore, se mua au-dessus des déserts de Perse en une tempête de sable qui engloutit toute une ville fortifiée au charme exotique. L’objet de cet amour absolument mémorable était marié, avait dix-sept ans de plus que Sumire et, surtout, était une femme. C’est de là que partit toute cette histoire, et là aussi qu’elle s’acheva (ou presque). »
Circonstances de lecture
Parce que c’est Haruki Murakami…
Impressions
J’adore Haruki Murakami et c’est avec un grand plaisir que je me suis replongée dans son univers, avec ce roman, « Les amants du Spoutnik » que je n’avais pas encore lu. On y retrouve Sumire, une jeune fille qui, n’étant encore jamais tombée amoureuse, se met à aimer passionnément une femme plus âgée qu’elle de 17 ans. Son meilleur ami l’écoute raconter cette rencontre et l’histoire qui s’ensuivit. Jusqu’à ce que Sumire disparaisse subitement, comme envolée en fumée, sur une petite île grecque…
Avec « Les amants du Spoutnik », on sent qu’Haruki Murakami avait déjà posé les bases de ce qui deviendrait sa trilogie « 1Q84 » : une lune mystérieuse, un amour ravageur, et cette frontière si ténue entre la réalité et le monde du rêve.
Un passage parmi d’autres
Comment puis-je éviter la collision (boum) sans pour autant réfléchir sérieusement (c’est-à-dire en restant allongée dans mon champ, à regarder les nuages passer, à écouter l’herbe pousser) ? Difficile ? Mais non mais non. D’une façon purement logique, rien de plus facile. C’est simple. Il suffit de rêver. Rêver sans cesse. Entrer dans le monde des songes, et ne plus en ressortir. Vivre éternellement dedans.
Car, dans les rêves, il n’est pas nécessaire d’établir des distinctions entre les choses. Pas du tout nécessaire. Les frontières n’existent pas. Et du coup, dans les rêves, les collisions se produisent rarement. Même quand il y en a, elles ne sont pas douloureuses. La réalité, c’est différent. La réalité, ça mord.
Haruki Murakami – Les amants du Spoutnik – 2003 (10/18, Belfond)