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Archives de Tag: Haruki Murakami

Voyage d’hiver – Jaume Cabré

18 jeudi Mai 2017

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Actes Sud, Confiteor, conseils de lecture, Critique de livre, Des hommes sans femmes, Haruki Murakami, idées de lecture, Jaume Cabré, Livres, nouvelles, quoi lire, Voyage d'hiver

Les premières phrases

«  Il ajusta le banc, parce qu’il était un peu trop bas. Et pourtant il l’avait réglé à sa hauteur à peine une demi-heure plus tôt. Non, maintenant il est trop haut. Et il bouge un peu, tu vois ? Merde. Là c’est bon. Non. Si. Il tira son mouchoir de la poche de son habit et s’essuya la paume des mains. Il en profita pour passer le mouchoir sur les touches immaculées, comme si elles étaient humides de la sueur d’autres exécutions. Il rajusta les manchettes de sa chemise. Tout mon être est une agonie. J’ai la gorge sèche, le sang plein de piquants et mon cœur est sur le point d’éclater à cause de tant et tant de choses. Je ne veux pas que mes mains tremblent. A ma droite, la froideur mortelle du public. Il ne voulait pas regarder à nouveau pour vérifier qu’il ne s’était pas trompé quand, machinalement, en saluant, il avait regardé les premiers rangs. Bien sûr qu’il s’était trompé. Parce que sinon, autant arrêter tout ça immédiatement. Une toux de femme. Une toux d’homme, très lointaine et puissante, qui lui rappela l’immensité de la salle. Rien, il ne se passe rien à ma droite, il n’y a rien. Rien que de la glace, l’ennemi, la mort. Le banc, un centimètre plus en arrière. »

Circonstances de lecture

Parce que j’avais eu un gros coup de cœur pour « Confiteor« .

Impressions

Après le dernier Haruki Murakami (« Des hommes sans femmes« ), me voilà à me replonger dans un recueil de nouvelles, cette fois de l’auteur Jaume Cabré. D’habitude, je ne lis pas de nouvelles… Mais après ces deux recueils, je sens que j’en lirai davantage, tant j’ai été conquise ! Jaume Cabré a une écriture magnifique qui transporte son lecteur. Ici, il nous livre 14 histoires courtes bouleversantes. Un pianiste sur le point de tout plaquer, un homme attendant le verdict a priori fatal de son médecin, un prisonnier organisant son évasion pour pouvoir revoir sa fille, un collectionneur de livres inconnus, deux amants s’aimant 28 jours puis se cherchant pendant 20 ans… Et là où « Voyage d’hiver » prend soudain une autre dimension, c’est quand on découvre les fils rouges reliant toutes ces histoires.

Un passage parmi d’autres

 Et Margherita, toujours avec l’écho de Gute Nacht dans les oreilles, lui expliqua qu’elle devait quitter Vienne à trois heures, que son train partait à cette heure-là et qu’elle ne voulait pas qu’il l’accompagne à la gare car elle ne le supporterait pas. Et elle lui dit aussi pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, comme ça, comme une mitraillette. Et elle ajouta, disons-nous adieu ici, Zoltan. Il resta bouche bée de surprise. Tout était possible sauf ça. Cela faisait vingt-huit jours qu’il vivait dans la bulle d’un rêve et il avait été assez bête pour ne jamais penser que les bulles de bonheur finissent toujours par éclater en multiples déceptions.

Jaume Cabré – Voyage d’hiver – février 2017 (Actes Sud)

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Des hommes sans femmes – Haruki Murakami

14 dimanche Mai 2017

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Belfond, conseils de lecture, Critique de livre, Des hommes sans femmes, Haruki Murakami, idées de lecture, Livres, nouvelles, quoi lire

Les premières phrases

«  Kafuku était monté un certain nombre de fois dans des voitures conduites par des femmes et son expérience l’amenait à classer les conductrices en deux catégories : celles qui étaient un peu trop agressives et celles qui étaient un peu trop prudentes. Les dernières étaient infiniment plus nombreuses que les premières – de quoi sans nul doute se réjouir. En somme, les femmes étaient en général plus polies et conduisaient leur véhicule avec plus de prudence que les hommes. Bien entendu, on n’allait pas se plaindre de la politesse ou de la prudence d’un chauffeur, même si ce style de conduite pouvait irriter les autres conducteurs. »

Circonstances de lecture

Parce que c’est Haruki Murakami.

Impressions

Ce recueil de nouvelles d’un de mes auteurs préférés est un petit délice de lecture. Ne vous fiez pas aux premières phrases (vive les généralités sur les femmes et leur conduite !), elles ne sont pas représentatives du reste du livre ! Dans chacune des nouvelles, Haruki Murakami nous plonge dans des moments de vie d’hommes seuls, amoureux, nostalgiques… Les relations hommes / femmes sont à chaque fois différentes et émouvantes. La solitude est encore une fois au cœur de ces histoires. Ma préférée : « Yesterday ». Un vrai bonheur de lecture !

Un passage parmi d’autres

 – Rêves-tu encore aujourd’hui à la lune de glace ? lui demandai-je.

Elle releva la tête d’un geste brusque et me regarda. Puis un sourire s’épanouit sur son visage. Très lentement. Un merveilleux sourire, totalement naturel.

 » Tu te souviens encore de mon rêve ?

– Je ne sais pas pourquoi, mais oui.

– Alors que c’est le rêve de quelqu’un d’autre ?

– Les rêves, c’est le genre de choses que l’on peut emprunter ou prêter, si besoin est. J’en suis persuadé. »

Haruki Murakami – Des hommes sans femmes – mars 2017 (Belfond)

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La magie des livres en images…

25 lundi Jan 2016

Posted by Aurélie in En image

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à lire, beau livre, Belfond, Critique de livre, Haruki Murakami, l'étrange bibliothèque, quoi lire

« L’étrange bibliothèque » de Haruki Murakami : un superbe livre illustré. Une véritable petite pépite ! Haruki Murakami - L'étrange bibliothèque - Couverture Haruki Murakami - L'étrange bibliothèque - Pages intérieures 2Haruki Murakami - L'étrange bibliothèque - Pages intérieures

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Les amants du Spoutnik – Haruki Murakami

13 dimanche Déc 2015

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Belfond, Critique de livre, Editions 10/18, Haruki Murakami, idées de lecture, lecture, Les amants du Spoutnik, Livre, quoi lire, roman

Haruki Murakami - Les amants du SpoutnikLes premières phrases

 » Au printemps de sa vingt-deuxième année, Sumire tomba amoureuse pour la première fois de sa vie. Cet amour aussi dévastateur qu’une tornade dans une vaste plaine ravagea tout sur son passage, lançant des choses dans les airs, les réduisant en menus morceaux, les écrabouillant sans ménagement. Avec une violence qui ne connaissait pas un instant de relâchement, la tornade souffla sur les océans, réduisit sans pitié le site d’Angkor Vat à néant, incendia la jungle indienne et les malheureux tigres qui y vivaient encore, se mua au-dessus des déserts de Perse en une tempête de sable qui engloutit toute une ville fortifiée au charme exotique. L’objet de cet amour absolument mémorable était marié, avait dix-sept ans de plus que Sumire et, surtout, était une femme. C’est de là que partit toute cette histoire, et là aussi qu’elle s’acheva (ou presque). »

Circonstances de lecture

Parce que c’est Haruki Murakami…

Impressions

J’adore Haruki Murakami et c’est avec un grand plaisir que je me suis replongée dans son univers, avec ce roman, « Les amants du Spoutnik » que je n’avais pas encore lu. On y retrouve Sumire, une jeune fille qui, n’étant encore jamais tombée amoureuse, se met à aimer passionnément une femme plus âgée qu’elle de 17 ans. Son meilleur ami l’écoute raconter cette rencontre et l’histoire qui s’ensuivit. Jusqu’à ce que Sumire disparaisse subitement, comme envolée en fumée, sur une petite île grecque…

Avec « Les amants du Spoutnik », on sent qu’Haruki Murakami avait déjà posé les bases de ce qui deviendrait sa trilogie « 1Q84 » : une lune mystérieuse, un amour ravageur, et cette frontière si ténue entre la réalité et le monde du rêve.

Un passage parmi d’autres

 Comment puis-je éviter la collision (boum) sans pour autant réfléchir sérieusement (c’est-à-dire en restant allongée dans mon champ, à regarder les nuages passer, à écouter l’herbe pousser) ? Difficile ? Mais non mais non. D’une façon purement logique, rien de plus facile. C’est simple. Il suffit de rêver. Rêver sans cesse. Entrer dans le monde des songes, et ne plus en ressortir. Vivre éternellement dedans.

Car, dans les rêves, il n’est pas nécessaire d’établir des distinctions entre les choses. Pas du tout nécessaire. Les frontières n’existent pas. Et du coup, dans les rêves, les collisions se produisent rarement. Même quand il y en a, elles ne sont pas douloureuses. La réalité, c’est différent. La réalité, ça mord.

Haruki Murakami – Les amants du Spoutnik – 2003 (10/18, Belfond)

 

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Kafka sur le rivage – Haruki Murakami

08 dimanche Fév 2015

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Critique de livre, Editions 10/18, Haruki Murakami, Kafka sur le rivage, roman

Haruki Murakami - Kafka sur le rivageLes premières phrases

«  – Et pour l’argent, ça s’est arrangé ? demande le garçon nommé Corbeau.

Il parle de sa façon habituelle, un peu lente. Comme quelqu’un qui sort à peine d’un profond sommeil et ne peut remuer ses lèvres tant elles sont engourdies. Mais ce n’est qu’une apparence: en réalité, il est parfaitement lucide. Comme toujours.

Je hoche la tête.

– Tu as combien à peu près ?

Je lui réponds après avoir à nouveau passé les chiffres en revue dans ma tête :

– Environ quatre cent mille en liquide. Sans compter une petite somme que je pourrai retirer avec ma carte bancaire. Ça ne suffira peut-être pas mais c’est un bon début.

– Ce n’est pas mal, dit le garçon nommé Corbeau. C’est un  bon début.

Je hoche la tête.

– J’imagine que ce ne sont pas les étrennes du père Noël, poursuit-il.

– Non.

Le garçon nommé Corbeau regarde autour de lui, les lèvres tordues par un sourire narquois.

– Cet argent sort du tiroir d’une personne qui vit dans les parages, c’est exact ?

Je ne réponds pas. Il sait parfaitement d’où vient cet argent. Il n’y a pas lieu de poser des questions détournées. Il le fait juste pour m’asticoter.  »

Circonstances de lecture

Parce que j’avais depuis longtemps envie de plonger dans ce Murakami.

Impressions

Haruki Murakami est de ces auteurs dont j’achète les romans les yeux fermés, sans même regarder de quoi ils parlent. J’aime son écriture, son style, sa manière subtile de jongler dans ses histoires entre la réalité et l’imaginaire. « Kafka sur le rivage » ne déroge pas à la règle. Son héros, Kafka Tamura, est un adolescent qui décide de fuguer. Il fuit la maison familiale pour essayer de briser une mystérieuse malédiction. En parallèle, nous suivons un vieux monsieur, Nakata, faible d’esprit depuis un événement survenu dans son enfance, obligé également de fuir… Ici, Haruki Murakami nous plonge dans l’Histoire (la seconde guerre mondiale), dans le mythe d’Oedipe, dans un monde fantastique où un homme parle aux chats et où des poissons tombent du ciel, dans une forêt et une bibliothèque à l’attrait irrésistible. On prend plaisir à se perdre dans ce monde à la frontière du réel et du fantastique. Un grand Murakami. Envoûtant.

Un passage parmi d’autres

 Nous perdons tous sans cesse des choses qui nous sont précieuses, déclare-t-il quand la sonnerie a enfin cessé de retentir. Des occasions précieuses, des possibilités, des sentiments qu’on ne pourra pas retrouver. C’est cela aussi, vivre. Mais à l’intérieur de notre esprit – je crois que c’est à l’intérieur de notre esprit -, il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une pièce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothèque, j’imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de références, pour connaître précisément ce qu’il y a dans nos cœurs. Il faut aussi balayer cette pièce, l’aérer, changer l’eau des fleurs. En d’autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothèque.

Haruki Murakami – Kafka sur le rivage – 2003 (Éditions 10/18)

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L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage – Haruki Murakami

20 samedi Sep 2014

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Belfond, Critique de livre, Haruki Murakami, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, roman

Haruki Murakami - L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinageLes premières phrases

«  Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d’université jusqu’au mois de janvier de l’année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort. Son vingtième anniversaire survint durant cette période mais cette date n’eut pour lui aucune signification particulière. Pendant tout ce temps, il estima que le plus naturel et le plus logique était qu’il mette un terme à son existence. Pourquoi donc, dans ce cas, n’accomplit-il pas le dernier pas ? Encore aujourd’hui il n’en connaissait pas très bien la raison. A cette époque, il lui paraissait pourtant plus aisé de franchir le seuil qui sépare la vie de la mort que de gober un œuf cru.

Il est possible que le motif réel pour lequel Tsukuru ne se suicida pas fut que ses pensées de la mort étaient si pures et si puissantes qu’il ne parvenait pas à se représenter concrètement une manière de mourir en adéquation avec ses sentiments. Mais l’aspect concret des choses n’était qu’une question secondaire. Si, durant ces mois, une porte ouvrant sur la mort lui était apparue, là, tout près de lui, il l’aurait sans doute poussée sans la moindre hésitation. Il n’aurait eu nul besoin de réfléchir intensément. Cela n’aurait été qu’en enchaînement des choses simple et ordinaire. Pourtant, par bonheur ou par malheur, il n’avait pas été capable de découvrir ce genre de porte à proximité immédiate. »

Circonstances de lecture

Parce que c’est Haruki Murakami…

Impressions

J’adore l’écriture et les histoires de Haruki Murakami, toujours à la frontière du réel et de l’imaginaire. « L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage » ne déroge pas à la règle.

On apprend dès le départ que Tsukuru a vécu plusieurs mois de sa vie universitaire avec des idées suicidaires en tête. La raison ? Il a été rejeté du jour au lendemain, sans aucune explication, par son groupe d’amis. Des amis avec lesquels il était inséparable durant ses années de lycée à Nagoya. Seize ans plus tard, une jeune femme, Sara, le pousse à rechercher la raison de ce rejet, voyant en lui une blessure qui ne s’est pas refermée. Recherche de la vérité, exploration du thème de l’amitié, mal-être, différence, solitude… Autant de sujets que Murakami aborde dans ce roman avec une grande justesse, toujours à la lisière de la réalité et de l’imaginaire. De très beaux passages me resteront en tête. Un des meilleurs romans de Haruki Murakami. Mon coup de cœur de la rentrée !

Un passage parmi d’autres

 A considérer l’ensemble de leur vie, on pouvait affirmer que ces cinq amis avaient bien plus de points communs que de différences.

Pourtant, le hasard avait voulu que Tsukuru Tazaki se distingue légèrement sur un point : son patronyme ne comportait pas de couleur. Les deux garçons s’appelaient Akamatsu – Pin rouge -, Ômi – Mer bleue -, et les deux filles, respectivement Shirane – Racine blanche – et Kurono – Champ noir. Mais le nom « Tazaki » n’avait strictement aucun rapport avec une couleur. D’emblée, Tsukuru avait éprouvé à cet égard une curieuse sensation de mise à l’index. Bien entendu, que le nom d’une personne contienne une couleur ou non ne disait rien de son caractère. Tsukuru le savait bien. Néanmoins, il regrettait qu’il en soit ainsi pour lui. Et, à son propre étonnement, il en était plutôt blessé. D’autant que les autres, naturellement, s’étaient mis à s’appeler par leur couleur. Rouge. Bleu. Blanche. Noire. Lui seul demeurait simplement « Tsukuru ». Combien de fois avait-il sérieusement pensé qu’il aurait été préférable que son patronyme ait eu une couleur ! Alors, tout aurait été parfait.

Haruki Murakami – L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage – 2014 (Belfond)

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1Q84 – Livre 3 – Haruki Murakami

14 samedi Avr 2012

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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1Q84, Critique de livre, Haruki Murakami, Livre, loveinbooks, roman

Les premières phrases

«  « Pourriez-vous vous abstenir de fumer, monsieur Ushikawa ? », dit l’homme le plus petit. 

Ushikawa regarda un moment le visage de son interlocuteur qui lui faisait face de l’autre côté du bureau, puis ses yeux se reportèrent sur la cigarette Seven Stars qu’il tenait entre les doigts. Elle n’était pas allumée.

« Excusez-nous », ajouta l’homme sur un ton très protocolaire.

Ushikawa afficha un certain embarras, comme s’il se demandait comment cette chose-là était arrivée dans sa main.

« Ah, oui, pardon. Ce n’est pas bien. Bien sûr, je ne vais pas l’allumer. Mes mains se sont mises en mouvement toutes seules sans que je n’en sache rien. »

L’homme, dont la mâchoire bougea d’un centimètre environ sur le côté, conserva un regard absolument fixe. Focalisé inexorablement sur les yeux d’Ushikawa. Ce dernier remit sa cigarette dans le paquet, qu’il enferma dans le tiroir de son bureau.

L’homme le plus grand, dont les cheveux étaient attachés en queue-de-cheval, était debout près de la porte, presque à la frôler. Il examinait Ushikawa comme s’il s’était agi d’une tache sur le mur. Des types vraiment sinistres, se dit Ushikawa.

C’était la troisième fois qu’il rencontrait les deux hommes, et pourtant, il ne se sentait toujours pas à l’aise devant eux.

Dans son bureau pas très vaste, il y avait une table de travail, et le petit homme à la tête rasée avait pris place en face de lui. C’était son rôle de parler. Queue-de-cheval gardait le silence à tout jamais. Il se contentait de conserver les yeux fixés sur Ushikawa, totalement immobile, semblable à l’un de ces chiens de pierre gardiens des sanctuaires shintô.

« Cela fait trois semaines », déclara Tête-de-moine.

Ushikawa prit dans la main le calendrier et eut un petit signe approbateur après avoir vérifié ce qui y était inscrit.

« Vous avez raison. Aujourd’hui, cela fait exactement trois semaines que nous nous sommes vus.

– Et durant tout ce temps, nous n’avons reçu aucun rapport de votre part. Je vous l’ai déjà dit, je crois, mais la situation est extrêmement urgente. Nous n’avons pas de temps à perdre, monsieur Ushikawa.

– J’en suis parfaitement conscient, répondit Ushikawa en faisant tourner dans ses doigts, faute de cigarette, son briquet doré. Pas question de lambiner. Je le sais très bien. »

Circonstances de lecture

Le Livre 3 de la saga 1Q84. Un bonheur de poursuivre l’aventure d’Aomamé et Tengo après les deux premiers tomes.

Impressions

Enfin s’achève 1Q84… Enfin, peut-être… Car Haruki Murakami pourrait bien nous emmener encore plus loin dans son histoire. Cela ne me dérangerait pas ! On se laisse porter par la magie de son univers à la frontière entre le réel et l’imaginaire. On se laisse emporter par les liens unissant depuis l’enfance les deux héros. Vont-ils enfin se retrouver ? … Un style plein de poésie où l’on se plaît à croire qu’il existe bien deux lunes dans le ciel. Envoûtant.

Un passage parmi d’autres

 Malgré tous ses efforts, il ne put distinguer la moindre étoile. En revanche, la lune attira son attention. Une lune grosse aux deux tiers, suspendue à mi-hauteur du ciel. Elle était distinctement visible entre deux nuages, et il pouvait même voir ses motifs sombres qui évoquaient des ecchymoses. La lune d’hiver, froide et blême, peuplée de signes et de mystères immémoriaux. Elle flottait dans le ciel, muette, impavide, comme l’œil d’un mort.

Soudain, Ushikawa retint son souffle. Il en oublia même de respirer un instant. Car dans une trouée entre les nuages, il discerna, pas très loin de la lune de toujours, une seconde lune. Beaucoup plus petite. De couleur verte, comme si elle était couverte de mousse. Et à la silhouette déformée. Pourtant, c’était une lune, il n’y avait aucun doute à cela. Il n’existait pas d’étoile aussi grosse. Ce n’était pas non plus un satellite artificiel. Et elle était là, immobile dans le ciel de la nuit.

Ushikawa ferma les yeux, attendit quelques secondes avant de les rouvrir. Il devait s’agir d’une illusion d’optique. Une chose pareille ne pouvait pas se trouver là. Et pourtant, il eut beau fermer les yeux, les rouvrir, recommencer, la nouvelle petite lune était toujours là. Les nuages qui défilaient la dissimulaient parfois, mais elle réapparaissait ensuite, bien installée à sa place.

1Q84 – Livre 3 – Haruki Murakami – 2012 (Editions Belfond)

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1Q84 – Haruki Murakami

14 samedi Jan 2012

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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1Q84, Haruki Murakami

Les premières phrases

« La radio du taxi diffusait une émission de musique classique en stéréo. C’était la Sinfonietta de Janácek. Etait-ce un morceau approprié quand on est coincé dans des embouteillages ? Ce serait trop dire. D’ailleurs, le chauffeur lui-même ne semblait pas y prêter une oreille attentive. L’homme, d’un âge moyen, se contentait de contempler l’alignement sans fin des voitures devant lui, la bouche serrée, tel un vieux marin aguerri, debout à la proue de son bateau, appliqué à déchiffrer quelque sinistre pressentiment dans la jonction des courants marins. Aomamé, profondément enfoncée dans le siège arrière du véhicule, écoutait, les yeux mi-clos. « 

Circonstances de lecture

Lu en décembre 2011, dans le métro et chez moi. Les premières critiques de ce livre m’ont tout de suite donné envie de l’acheter. Je n’ai pas été déçue. J’ai enchaîné les deux tomes avec plaisir. Vivement la parution du 3ème tome en mars !

Impressions

Un style propre à Murakami. La réalité côtoie des scènes de pure fiction. L’histoire flirte avec la magie, et baigne dans la poésie. Pleine de mystères, elle tient en haleine. Aomamé et Tengo, deux âmes soeurs séparées, sauront-ils se retrouver et affronter leurs destins, dans le monde bien réel ou dans celui pour le moins énigmatique de 1Q84 ? Qui sont les Little People ? Pourquoi y a-t-il soudain deux lunes dans le ciel ? Qu’est-ce que la chrysalide de l’air ? …

Un passage parmi d’autres

 – Et puis, poursuivit le chauffeur en regardant dans le rétroviseur, j’aimerais que vous vous souveniez d’un point, c’est que les choses et l’apparence, c’est différent. »

Les choses et l’apparence, c’est différent, se répéta Aomamé mentalement. Puis elle fronça légèrement les sourcils.

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

Le chauffeur répondit en pesant ses mots :

« Eh bien, qu’en quelque sorte vous allez accomplir des choses pas ordinaires, n’est-ce pas ? Comme de descendre en plein jour un escalier de secours depuis une voie express. Des gens normaux ne le feraient pour rien au monde. Encore moins une femme.

– Non, sans doute pas…, dit Aomamé.

– Et une fois que vous aurez agi de la sorte, il n’est pas impossible qu’ensuite le paysage vous paraisse, comment dire, assez différent de celui de tous les jours. Moi aussi j’ai eu ce type d’expérience. Mais il ne faut pas se laisser abuser par les apparences. Il n’y a toujours qu’une réalité.

1Q84 Livres 1 & 2 – Haruki Murakami – 2009 (parution japonaise) – 2011 (parution française – Editions Belfond)

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