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Les premières phrases
« Depuis mon retour à Nanyuan il y a quinze jours, je ne suis pas sortie, sauf au supermarché du coin. En fait si, je suis passée à la pharmacie pour mes insomnies. Jusqu’à ce matin où il a sombré dans le coma, je n’avais pas quitté la maison. Le temps était couvert, dans la chambre, il faisait lourd. Je me tenais près du lit à veiller cet homme en train de mourir, l’ombre de la mort rôdait comme un vol noir de chauves-souris tournoyant au plafond. Elle serait bientôt là. J’ai quitté la pièce. »
Circonstances de lecture
Parce que j’avais très envie de découvrir cet écrivain, pour la première fois publié en France.
Impressions
Par un soir de neige, deux trentenaires, Li Jiaqi et Cheng Gong, amis d’enfance, se retrouvent après plusieurs années de séparation. Chapitre après chapitre, ils prennent la parole à tour de rôle pour se souvenir de leur enfance, parler de leur vie d’adultes et révéler petit à petit un secret de famille impliquant leurs grand-parents, secret qui les a marqués à jamais.
A la manière d’un puzzle, Zhang Yueran dévoile les non-dits autour du drame que les adultes ont voulu cacher aux deux enfants, cette affaire du « clou » qui a cependant traversé les générations. Une lecture qui se savoure lentement, au rythme de la neige tombant en lourds flocons sur la ville de leur enfance.
Un passage parmi d’autres
A chaque fois que me revient le souvenir de cet hiver-là, je nous revois avançant côte à côte dans le brouillard, un brouillard compact, sépulcral, illimité. C’est peut-être la description la plus juste de notre enfance. Nous étions au cœur de l’immense brume formée par le secret, nous avancions droit devant, dans l’ignorance, sans rien distinguer de la route, sans savoir où nous allions. Des années plus tard, devenus adultes, nous avons cru que nous étions enfin sortis de ce brouillard et distinguions clairement le monde sous nos yeux. Mais il n’en était rien. Nous nous en étions simplement revêtus, il était devenu pour l’un et l’autre un cocon.
Zhang Yueran – Le Clou – 22 août 2019 (Zulma)