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RAS7_POUR_NE_RIEN_REGRETTER.inddLes premières phrases

«  Je m’appelle Véra et je voulais vous parler du bruit de la pluie sur la tôle ondulée, qui fait drôlement de peine, comme bon souvenir. Vous savez, ces premiers ploc, ploc, qui cognent contre le zinc, l’un après l’autre, et puis qui deviennent de plus en plus rapprochés, de plus en plus forts, clapotent joliment au-dessus de nos têtes jusqu’à former un bourdonnement continu qui nous berce et nous protège et nous borde pour nous endormir. Chaque fois que j’entends le bruit de la pluie sur la tôle ondulée, chaque fois que je respire cette odeur de poussière mouillée, ça me fait comme si je mordais dans la fameuse madeleine de monsieur Proust : je suis transportée dans ma petite chambre sous les toits, et j’ai toutes mes années de quand j’étais jeune qui me reviennent, avec bonheur et mauvaise compagnie.

Je m’appelle Véra parce que mes parents m’ont donné le nom d’une petite fille qui était morte, et c’est pas toujours évident de porter le nom d’une morte, au niveau du devoir. Mais c’est un joli prénom, tout de même, et avec seulement quatre lettres, en plus. Véra, c’est « voir » au futur, ce qui est déjà pas mal, comme ambition. À l’envers, ça fait « a rev », et c’est encore mieux pour l’espérance. »

Circonstances de lecture

Parce que j’avais beaucoup aimé « Nous rêvions juste de liberté » du même auteur.

Impressions

Lire Pour ne rien regretter, c’est voir le monde à travers les yeux de Véra, une petite fille qui se coltine un certain monsieur Asperger, qui lui fait voir le monde sous un angle un peu différent, avec des mots qui sonnent bon la poésie, l’enfance, la nature et l’honnêteté. Véra, pour ceux qui ont lu Nous rêvions juste de liberté, c’est la fille spirituelle de Bohem, ce héros épris de liberté dont le destin m’avait écorché le cœur, l’enfant de Mélaine et Mani – pour ceux qui savent – celle que Freddy a pris sous son aile et qu’il considère comme sa nièce. Véra, elle a le parler juste des gens qui se fichent bien du regard des autres. Véra, elle invente des expressions qui font sourire et qui donnent du baume au cœur même quand dehors comme dedans tout va mal. Véra, elle comprend pas pourquoi les grosses multinationales elles ont le droit de tout détruire, les beaux paysages comme les gens qui travaillent pour elles. Et cette incompréhension va se muer au fil du temps en rébellion, à travers la rencontre d’un petit groupe de militants écolos.

Avec cette suite indirecte de Nous rêvions juste de liberté, Henri Loevenbruck livre un roman dystopique tellement réaliste qu’on se dit que c’est là que nous nous dirigeons allègrement, les bras grands ouverts, les yeux bien clos, la tête enfoncée dans les réseaux sociaux et le déni pour ne surtout pas voir qu’on va droit dans le mur, qu’on y est même déjà un peu, beaucoup. Un roman coup de gueule, mais le tout délivré avec de l’émotion à fleur de peau, à travers les yeux de Véra, cette héroïne ordinaire absolument inoubliable. Alors, oui, lisez ce livre avec le risque de sentir les larmes glisser sur vos joues et de vous faire dresser les poings, signes qu’il y a encore de l’espoir. Il suffit « juste » de réagir.

Henri Loevenbruck – Pour ne rien regretter – Octobre 2024 – XO Editions

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