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Les premières phrases
« « Alors là, vous nagez en pleine science-fiction ! » Hier comme aujourd’hui, cette exclamation a toujours eu le chic de balayer d’un revers de la main tout discours un peu trop hors du cadre ou ambitieux. Gotlib s’était fait le plaisir d’y consacrer un épisode fameux de ses Rubrique-à-Brac : taxer quelqu’un d’utopiste, l’accuser de verser dans la science-fiction, c’est le mettre hors-jeu pour nous laisser, « nous », les gens réalistes, nous occuper des affaires concrètes de ce monde.
Pourtant, j’avoue sans honte faire partie de celles et ceux qui aimeraient voir la science-fiction s’inviter plus souvent à la table du débat politique. »
Circonstances de lecture
Parce que je suis convaincue que la science-fiction est politique et qu’une utopie peut être réaliste.
Impressions
Voici un essai passionnant sur le potentiel politique de la SF et le pouvoir de l’imaginaire. Une lecture qui aide à appréhender l’avenir hors du modèle capitaliste. Et oui, la SF est politique. Et oui, un autre monde est possible. Ou plutôt, d’autres chemins, au pluriel.
Dans cet essai très digeste, Vincent Gerber démontre toute l’utilité de la SF, capable de réinventer notre réalité et d’imaginer des futurs possibles. Face à la collapsologie, au chaos climatique, à l’impasse capitaliste, aux guerres interminables, on n’a jamais eu autant besoin d’utopies. L’auteur s’empare ainsi de textes de science-fiction engagés pour ouvrir le champ des possibles et montrer ce lien existant entre SF et politique. Ursula K. Le Guin, Alain Damasio, Michael Moorcok, Kim Stanley Robinson, Ada Palmer, Camille Leboulanger, Margaret Killjoy, et bien d’autres, sont ainsi cités à travers les pages de cet essai.
« L’inertie constitue bel et bien la première force politique aujourd’hui, dans son aversion pour toutes velléités de changement (et l’instabilité qu’il sous-tend), explique Vincent Gerber. Pour cette raison, la littérature, et la culture avec elle, ne doit jamais cesser son travail. Un travail de critique, d’avertissement, et d’interprétation du réel. Il ne s’agit pas de convertir les gens, de leur apporter des solutions clé en main, mais « de les amener à se poser leurs propres questions, pour atteindre leurs propres réponses ». À force d’opposer l’imaginaire au réel, nous passons à côté d’un fait : le réel est façonné de toutes pièces, et en grande partie par nos imaginaires.«
Vincent Gerber nous propose de nous extirper de notre présent sclérosé pour nager en pleine science-fiction, et ainsi redonner espoir en l’avenir. « L’espoir doit l’emporter sur le réel et sur la peur du changement, conclut-il. L’espoir d’un avenir à gagner face à tout ce que nous avons à perdre au présent« . Vous l’aurez compris, j’ai adoré cet essai et je le conseille à toutes les personnes se questionnant sur notre avenir.
Vincent Gerber – L’imaginaire au pouvoir – Octobre 2024 – le passager clandestin
À lire pour aller plus loin :
- Eutopia de Camille Leboulanger (Argyll)
- Le ministère du futur de Kim Stanley Robinson (Bragelonne)
- Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy (et aller chez son libraire) d’Ariel Kyrou et Jérôme Vincent (ActuSF)
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