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Les premières phrases

«  Ah, lecteur ; vous allez me reprocher d’écrire dans un style que six longs siècles séparent des événements relatés, mais vous êtes venus à moi afin d’obtenir des éclaircissements sur les jours de transformation qui ont laissé notre monde tel qu’il est. Or la récente révolution est née du renouveau abrupt de la philosophie du XVIIIème siècle, grosse d’optimisme et d’ambition ; aussi n’est-il possible de décrire notre époque que dans la langue des Lumières, empreinte d’opinion et de sentiment. Il faut me pardonner mes vouvoiements, mes « il » et »elle », mon renoncements aux termes et à l’objectivité modernes. Les débuts vont être difficiles, mais que vous soyez mon contemporain, toujours en proie à la stupeur devant l’ordre d’aujourd’hui, ou un historien considérant mon vingt-cinquième siècle d’aussi loin que je considère le dix-huitième, vous allez vous découvrir plus à l’aise avec la langue du passé que vous ne l’imaginez ; il en va ainsi de nous tous.  »

Circonstances de lecture

Qui pourrait résister à cette couverture ?!

Impressions

Difficile de résumer un livre tel « Trop semblable à l’éclair » d’Ada Palmer… De plus de 600 pages, ce pavé pourrait pourtant bien devenir le début d’un cycle de SF dont on parlera longtemps. En nous propulsant en 2454 dans une société a priori utopique où toutes majorités (et donc minorités) ont disparu au profit de sept « Ruches » multi-ethniques basées sur les affinités et la liberté, Ada Palmer mêle un monde futuriste aux idées des philosophes des Lumières. Plus de guerres ni de meurtres (enfin, presque). Plus de genre féminin ou masculin. Le « il » et le « elle » sont remplacés par le « on », les personnages ne se réduisant pas à leur sexe (difficile du coup pour le lecteur de savoir qui est une femme et qui est un homme !). Les religions sont bannies. Place à une spiritualité à la carte et à une écoute attentive et régulière des « sensayers », sortes de guides spirituels et de psy, permettant à chacun de s’exprimer librement (mais en petit comité) et d’exorciser ses idées sombres et ses questionnements. Le tout est raconté par Mycroft Canner, un meurtrier, narrateur dont le passé tourmenté n’est révélé que dans la seconde moitié du livre. Un personnage pour le moins complexe, lié à un enfant de 13 ans aux pouvoirs quasi-divins… dans une société qui refuse l’idée d’un Dieu. Ajoutez-y une intrigue policière : le vol de la liste des dix plus gros influenceurs mondiaux, risquant de mettre à mal l’équilibre de cette société pacifiste, et vous obtenez une histoire captivante.

Difficile d’en dire plus sans trop en révéler. Sachez juste que la lecture de ce pavé est ardue mais terriblement intéressante, addictive et prenante. Prenez le risque de ne pas tout comprendre, les enjeux politiques et philosophiques étant particulièrement complexes et les protagonistes nombreux. Tout se dévoile petit à petit au fil des pages. Une chose est sûre : Ada Palmer sait mener son lecteur par le bout du nez, le menant de surprise en surprise.

A très vite pour le 2ème volet de cette tétralogie !

Ada Palmer – Trop semblable à l’éclair – octobre 2019 (Le Bélial)

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