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Les premières phrases
« Voilà. Je suis dans ma nouvelle chambre. Ma nouvelle maison. Loin de toi. Dehors il fait beau. La plage est bondée. Tout le monde a l’air heureux. La mer est belle. Qu’est-ce que j’en ai à foutre ?
Je suis désolée. Je sais que j’ai foiré nos adieux (« nos au revoir », me corrigeras-tu). Que je me suis comportée comme une merde. Que ce n’est pas à toi que je devais m’en prendre. Mais à mes parents et à eux seuls. Je leur en veux tu sais. A mort. J’ai décidé de leur tirer la gueule jusqu’à la fin de mes jours. Ils vont s’en bouffer les doigts. Mais qu’est-ce que ça change ? Ça ne fait pas une semaine que je suis ici et tu me manques. »
Circonstances de lecture
Parce que c’est Olivier Adam.
Impressions
Avec « La tête sous l’eau », Olivier Adam nous replonge dans les affres de la disparition d’un être cher, thème déjà abordé dans « Je vais bien, ne t’en fais pas », que j’avais adoré. Classé en littérature jeunesse (mais pourquoi ?!), ce roman est à mettre aussi bien entre les mains des ados avertis, que des adultes. Si vous avez aimé les précédents romans de l’auteur, les livres de Nina LaCour, « Nous, les menteurs » d’E. Lockhart ou encore « Thirteen reasons why », vous devriez aimer ce nouveau roman d’Olivier Adam, arrivé en librairie le 23 août. Je l’ai lu en une après-midi. Difficile de le lâcher avant la fin ! Ce livre se dévore.
Antoine nous parle de sa famille, complètement perdue depuis la disparition il y a plusieurs mois de sa grande sœur, Léa. Cet ado asthmatique introverti noie son chagrin dans la Manche, où il s’adonne quotidiennement au surf. Et puis voilà que la police retrouve Léa, en vie mais mutique. Que lui est-il arrivé ? Comme toujours, Olivier Adam parvient avec justesse à décrire une crise familiale, et les sentiments de chacun, tout en entraînant ici son lecteur dans une enquête menée tambour battant. Addictif, stressant, bouleversant, un très bon Olivier Adam !
Un passage parmi d’autres
Ils s’étonnent de ma nouvelle passion pour le surf, de ma résistance à l’eau gelée, moi qui l’été, lorsque nous venions ici pour les vacances, grelottais de froid à la moindre baignade, rechignais toujours à plonger dans les vagues, me plaignais du vent permanent et des nuages qui même au 15 août venaient par instants masquer le soleil. Ils s’en inquiètent aussi. Trouvent que je me renferme sur moi-même, plus qu’avant encore si c’est seulement possible, que je suis trop solitaire, mutique. Selon eux ces longues heures que je passe au milieu de l’eau ne sont pas pour arranger les choses. Plus qu’un traitement, ils y voient un symptôme. Une fuite. Une façon très littérale de noyer mon chagrin. De me laver le cerveau à l’eau de mer. Ils n’ont peut-être pas tort. Mais pour ma part, je ne me livre pas à ce genre d’analyse. Les choses se sont produites malgré moi, sans que j’y réfléchisse vraiment. L’été dernier, après la disparition de Léa, ils m’ont inscrit à un stage. Ils pensaient que ça me ferait du bien, que ça m’offrirait quelques heures de répit et d’apaisement au milieu de ces journées hallucinées, traversées de douleur et d’effroi. Dans la foulée, je me suis acheté une planche et c’est devenu une drogue. Chaque matin je me lève en pensant au moment où, sorti du lycée, je pourrai enfiler ma combinaison et me faire malmener par la Manche.
Olivier Adam – La tête sous l’eau – août 2018 (Robert Laffont)