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~ Parce qu'il n'y a rien de mieux qu'un livre pour s'évader…

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Archives de Tag: Actes Sud

La Guerre du pavot – R.F. Kuang

28 lundi Nov 2022

Posted by Aurélie in Fantasy, Romans étrangers

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Actes Sud, Babel, Dark Fantasy, Fantasy, La Guerre du pavot, lecture, Livres, quoi lire, roman

R.F. Kuang - La guerre du pavotLes premières phrases

«  – Déshabille-toi.

Rin cligna des paupières.

– Hein ?

Le surveillant leva les yeux de son livret.

– Protocole de prévention contre la triche, expliqua-t-il avant de lui indiquer un homologue féminin à l’autre bout de la pièce. Va la voir, si tu préfères.

Rin croisa fermement les bras sur la poitrine et rejoignit la surveillante, qui l’emmena derrière un paravent, l’inspecta minutieusement pour s’assurer qu’elle n’avait pas dissimulé d’aide-mémoire dans un orifice et lui remit une tunique bleue informe.  » 

Circonstances de lecture

Parce que cette jeune autrice m’intrigue.

Impressions

Avec La Guerre du pavot, la jeune autrice R.F. Kuang revisite l’histoire de la Chine à la sauce Dark Fantasy. Car si l’histoire commence comme un récit initiatique dans une prestigieuse académie militaire, elle dévie ensuite sur la noirceur de la guerre et des massacres (âmes sensibles, passez votre chemin !). Son héroïne, Rin, est un personnage riche, têtue, colérique, qui apprend à maîtriser à la fois l’art de la guerre et les pouvoirs shamaniques. Un début prometteur. Vivement la suite !

R.F. Kuang – La Guerre du pavot – Babel – Octobre 2022 

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Une rose seule – Muriel Barbery

30 dimanche Août 2020

Posted by Aurélie in Romans français

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Actes Sud, Critique de livre, idées de lecture, Japon, lecture, Livre, Muriel Barbery, quoi lire, rentrée littéraire, rentrée littéraire 2020, roman, Une rose seule

Les premières phrases

«  On raconte que dans la Chine ancienne, sous la dynastie des Song du Nord, un prince faisait chaque année cultiver un carré de mille pivoines dont, à l’orée de l’été, les corolles ondulaient dans la brise. Durant six jours, assis sur le sol du pavillon de bois où il avait coutume d’admirer la lune, buvant de temps à autre une tasse de thé clair, il observait celles qu’il appelait ses filles. A l’aube et au couchant, il arpentait le carré.

Au commencement du septième jour, il ordonnait le massacre.

Les serviteurs couchaient les belles assassinées, la tige brisée, la tête allongée vers l’est, jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur le champ qu’une unique fleur, les pétales offerts aux premières pluies de mousson.  »

Circonstances de lecture

Parce que j’aime la plume de Muriel Barbery.

Impressions

Ce livre est un poème, une ode à l’amour, un pansement de douceur et de larmes. Il a l’amertume du thé matcha, la fraîcheur du saké, le goût sucré des petites pâtisseries japonaises, la beauté des azalées, des fleurs de cerisiers et des bambous célestes. On y ressent toute la complexité de la ville de Kyoto et de l’âme humaine. C’est beau à en pleurer et à en rire. Un petit bijou à savourer lentement, comme un bonbon qui fond sur la langue.

Muriel Barbery – Une rose seule – août 2020 – Actes Sud

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Outresable – Hugh Howey

18 vendredi Jan 2019

Posted by Aurélie in Romans étrangers, SF

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Actes Sud, Critique de livre, Hugh Howey, idées de lecture, lecture, Livre, Outresable, quoi lire, roman, Sand, SF

Les premières phrases

«  La lumière des étoiles les guidaient à travers la vallée des dunes et les terres désolées du Nord. Une douzaine d’hommes avançaient en file indienne, le foulard noué au cou et relevé pour protéger les narines et la bouche, dans les crissements du cuir et le claquement des fourreaux. Ils suivaient un chemin sinueux, mais s’ils étaient allés en ligne droite ils auraient dû gravir les monticules sableux et braver le plus fort des rafales de vent. Il y avait le chemin long et le chemin rude, et les brigands des déserts nord choisissaient rarement le chemin rude.

Palmer ruminait ses pensées en silence, tandis que les autres échangeaient des plaisanteries obscènes et des fanfaronnades sur tous les articles du butin qu’ils avaient obtenus. Son ami Hap marchait un peu en avant des autres, dans l’espoir de se faire bien voir des anciens. S’aventurer au cœur de ces terres désolées avec une bande de pillards était plus qu’imprudent, mais Palmer était un plongeur des sables. Il vivait en équilibre sur ce fil du rasoir entre la folie pure et le bon sens. Et puis, avec leurs barbes et leur puanteur corporelle, ces brigands payaient l’équivalent d’un mois pour deux jours de travail. Que représentaient une petite virée dans le désert et une plongée rapide, en comparaison d’un joli tas de pièces ? »

Circonstances de lecture

Parce que c’est Hugh Howey !

Impressions

Après la trilogie « Silo » et « Phare 23 », voici le nouveau roman de Hugh Howey ! Le sable recouvre l’ancien monde et pour survivre dans ce désert infini et venteux, des plongeurs des sables doivent braver les profondeurs afin de remonter des trésors enfouis plusieurs centaines de mètres sous terre. Mais la cupidité humaine n’a pas de limite et plonger peut s’avérer plus dangereux que ce que l’on pense… Un roman de SF haletant, une histoire de survie post-apo autour du thème central de la famille. Très prenant, étouffant par moment (claustrophobes, s’abstenir !), « Outresable » laisse planer de nombreux mystères, nous laissant espérer une suite ou, mieux encore, une préquelle. Le livre refermé, on a encore envie d’endurer les rafales de sable cinglant le visage pour en savoir plus.

Un passage parmi d’autres

 Aussi loin que remontât sa mémoire, il avait toujours rêvé d’être plongeur, rêvé de pénétrer dans le sable – mais il avait très vite appris que c’était en ressortir qui requérait du savoir-faire. Un plongeur apprend rapidement douze manières impressionnantes de s’enfoncer dans une dune, chacune plus spectaculaire que la précédente, depuis le plongeon frontal classique, pour se laisser ensuite absorber en douceur dans sa masse, jusqu’au saut en arrière avec les bras tendus au-dessus de la tête qui permettait de disparaître sans presque créer de remous à la surface, en passant par le coulé effectué grâce à une rotation frénétique des bottes et de tout le corps qui vous aspirait vers le bas. La pesanteur et l’étreinte bienvenue du flot sableux rendaient nombre de ces techniques superbes à observer.

Hugh Howey – Outresable – janvier 2019 (Actes Sud)

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Voyage d’hiver – Jaume Cabré

18 jeudi Mai 2017

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Actes Sud, Confiteor, conseils de lecture, Critique de livre, Des hommes sans femmes, Haruki Murakami, idées de lecture, Jaume Cabré, Livres, nouvelles, quoi lire, Voyage d'hiver

Les premières phrases

«  Il ajusta le banc, parce qu’il était un peu trop bas. Et pourtant il l’avait réglé à sa hauteur à peine une demi-heure plus tôt. Non, maintenant il est trop haut. Et il bouge un peu, tu vois ? Merde. Là c’est bon. Non. Si. Il tira son mouchoir de la poche de son habit et s’essuya la paume des mains. Il en profita pour passer le mouchoir sur les touches immaculées, comme si elles étaient humides de la sueur d’autres exécutions. Il rajusta les manchettes de sa chemise. Tout mon être est une agonie. J’ai la gorge sèche, le sang plein de piquants et mon cœur est sur le point d’éclater à cause de tant et tant de choses. Je ne veux pas que mes mains tremblent. A ma droite, la froideur mortelle du public. Il ne voulait pas regarder à nouveau pour vérifier qu’il ne s’était pas trompé quand, machinalement, en saluant, il avait regardé les premiers rangs. Bien sûr qu’il s’était trompé. Parce que sinon, autant arrêter tout ça immédiatement. Une toux de femme. Une toux d’homme, très lointaine et puissante, qui lui rappela l’immensité de la salle. Rien, il ne se passe rien à ma droite, il n’y a rien. Rien que de la glace, l’ennemi, la mort. Le banc, un centimètre plus en arrière. »

Circonstances de lecture

Parce que j’avais eu un gros coup de cœur pour « Confiteor« .

Impressions

Après le dernier Haruki Murakami (« Des hommes sans femmes« ), me voilà à me replonger dans un recueil de nouvelles, cette fois de l’auteur Jaume Cabré. D’habitude, je ne lis pas de nouvelles… Mais après ces deux recueils, je sens que j’en lirai davantage, tant j’ai été conquise ! Jaume Cabré a une écriture magnifique qui transporte son lecteur. Ici, il nous livre 14 histoires courtes bouleversantes. Un pianiste sur le point de tout plaquer, un homme attendant le verdict a priori fatal de son médecin, un prisonnier organisant son évasion pour pouvoir revoir sa fille, un collectionneur de livres inconnus, deux amants s’aimant 28 jours puis se cherchant pendant 20 ans… Et là où « Voyage d’hiver » prend soudain une autre dimension, c’est quand on découvre les fils rouges reliant toutes ces histoires.

Un passage parmi d’autres

 Et Margherita, toujours avec l’écho de Gute Nacht dans les oreilles, lui expliqua qu’elle devait quitter Vienne à trois heures, que son train partait à cette heure-là et qu’elle ne voulait pas qu’il l’accompagne à la gare car elle ne le supporterait pas. Et elle lui dit aussi pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, pardon, comme ça, comme une mitraillette. Et elle ajouta, disons-nous adieu ici, Zoltan. Il resta bouche bée de surprise. Tout était possible sauf ça. Cela faisait vingt-huit jours qu’il vivait dans la bulle d’un rêve et il avait été assez bête pour ne jamais penser que les bulles de bonheur finissent toujours par éclater en multiples déceptions.

Jaume Cabré – Voyage d’hiver – février 2017 (Actes Sud)

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Phare 23 – Hugh Howey

12 lundi Sep 2016

Posted by Aurélie in Romans étrangers, SF

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Actes Sud, Critique de livre, Hugh Howey, idées de lecture, lecture, Livre, Phare 23, quoi lire, rentrée littéraire, roman, SF

hugh-howey-phare-23Les premières phrases

 » On ne vous prépare pas aux petits bruits. On vous colle dans une centrifugeuse jusqu’à l’évanouissement, on vous fait caracoler sur des courbes paraboliques jusqu’à vomir tripes et boyaux, on vous transperce d’aiguilles jusqu’à ce que vous vous sentiez comme un toxico, on vous fait ingurgiter trois domaines de la physique, passer un diplôme de médecine et suivre en même temps un entraînement de triathlon.

Mais on ne vous dit pas ce qu’il en est de vivre avec les cliquetis et les grincements et les petits bips en arrière-plan. Ni comment le vide spatial, des années-lumière à la ronde, peut être ressenti comme un poids énorme, écrasant. Le silence semble constamment gagner du terrain, comme l’obscurité à laquelle j’ai été un jour confronté, dans une grotte de la Virginie-Occidentale. Une obscurité qu’on peut mâcher. Une obscurité qu’on perçoit à des kilomètres alentour. Une obscurité dont on n’est pas certain de pouvoir un jour s’extirper.

Au fin fond de l’espace, le silence est précisément de cette nature. Du coup, les petits bidules qui ronronnent dans ma balise deviennent des enfoirés et leurs cliquetis cauchemardesques me mettent les nerfs en pelote. Je les hais tous jusqu’au dernier. Tout ce qui bouge dans cet endroit.   »

Circonstances de lecture

Parce que j’avais adoré la trilogie Silo du même auteur.

Impressions

LA CLAQUE ! Si vous devez lire un livre, un seul, de cette rentrée littéraire, lisez donc Phare 23 de Hugh Howey. Vous n’aimez pas la science fiction, les histoires qui se passent dans l’espace ? Lisez-le quand même ! Et de toute urgence. Car ce livre a une portée universelle, un message de paix et de tolérance dont notre société actuelle a grand besoin…

Le héros de Phare 23 – on ne saura jamais son nom – est gardien de phare. Mais pas un phare en pleine mer, non, un phare (une balise) au milieu de l’espace. Nous sommes au XXIIIème siècle, et sans grande surprise les hommes sont en guerre. Notre héros, médaillé de guerre, a choisi la solitude de l’espace pour y cacher sa souffrance. Il vit donc seul dans son phare. Sa mission : faire en sorte que les vaisseaux traversent sa partie de la Voie lactée en toute sécurité, loin des astéroïdes et des dangers en tout genre. Mais voilà, peut-on rester sain d’esprit au milieu de cette solitude ? Sa « maison » construite par la Nasa est-elle aussi sûre et solide que ce qu’on a bien voulu lui faire croire ? La guerre est-elle si loin que ça ?

Phare 23 est un livre magnifique au suspens haletant. Hugh Howey signe là un superbe roman sur la solitude humaine, la guerre, la différence et la tolérance. LISEZ-LE et peut-être que le message de l’auteur deviendra un jour réalité… Oui, on peut toujours rêver… Encore heureux… « Je sais que c’est pure fiction, mais que se passerait-il si, debout sur les décombres des attaques dirigées contre nous, que ce soit au sens littéral ou métaphorique, physique ou émotionnel, personnel ou politique, nous choisissions le pardon plutôt que l’escalade ? A quoi ressemblerait ce monde ? Peut-être ne le saurons-nous jamais. Mais il me plaît de faire semblant. »

Un passage parmi d’autres

 Les pannes d’EOG ne peuvent pas arriver. Les systèmes de secours ont des systèmes de secours qui ont des systèmes de secours. Tout est incestueux dans les entrailles de la balise 23, moi je vous le dis. Pour que quelque chose se détraque, il faudrait qu’une première alarme soit hors service, ainsi qu’une seconde de sauvegarde et deux différents modules conçus pour effectuer la même opération et contrôlés toutes les quelques secondes pour être sûr qu’ils en sont effectivement capables. Toutes les puces électroniques et les logiciels peuvent se réparer et redémarrer seuls. On pourrait déclencher une impulsion électromagnétique dans cette saleté qu’elle repartirait en moins de deux. Il faudrait deux douzaines de pannes aléatoires et simultanées plus un tas d’autres coïncidences trop ahurissantes pour pouvoir même les envisager.

Une fois, un intello de la Nasa a calculé les probabilités. Elles étaient très très faibles. Ceci dit, la semaine passée, il y avait 1 527 balises Galsat en activité dans la Voie lactée. Alors à mon avis, les chances que quelqu’un ait un problème ne cessent d’augmenter. En particulier quand les balises vieillissent. Et en ce moment, ce quelqu’un, ça doit être moi.

Hugh Howey – Phare 23 – septembre 2016 (Actes Sud)

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Libertango – Frédérique Deghelt

19 dimanche Juin 2016

Posted by Aurélie in Romans français

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Actes Sud, Critique de livre, Frédérique Deghelt, idées de lecture, lecture, Libertango, Livre, quoi lire, roman

Frédérique Deghelt - LibertangoLes premières phrases

«  Il y eut les premiers sons désaccordés, tâtonnants, qui semblaient pleurer en attendant que commencent véritablement les choses. Il y eut ce moment calme, quand je me suis avancé dans la salle, les applaudissements de l’assemblée, comme une ultime faveur accordée avant que je ne fasse mes preuves. Avec une main un peu moite, je saluai mon dernier allié, le plus proche, avant de laisser place à ce silence recueilli qui précède l’envol. Je les regardai tous, puisque je tournais le dos aux autres,  et le sourire que je leur offris n’avait rien de bref ou de crispé. Ce sourire était ma dernière chance de les embarquer et je le désirais plus que tout au monde. Nous devions désormais nous faire confiance parce que nous n’avions pas le choix et, surtout, parce que ce serait la dernière fois. Je dirigeai mon regard vers les premiers à intervenir et ils caquetèrent le début de leur discours. Puis, accrochés à leurs cordes, montant et descendant dans la mâture, graves et plus jeunes se mirent à ramper vers moi. C’est dans la pluie de ce qui suivit que je saisis mon énergie. D’une main ferme, je m’appuyai sur ce qui venait d’être envoyé et s’effaçait déjà pour faire place à un déploiement élégant. Je me sentais posé sur le bord de chaque envolée, si bien que, lançant avec force les canons, je pus sentir le frémissement de la salle et sa surprise quand retentirent les coups assénés, parfaitement accompagnés par la douceur des milliers de voix virevoltantes pour répondre à la main qui les encourageait. Je souris et pris la taille de la plus jolie des mariées pour la faire tournoyer sans jamais succomber.  »

Circonstances de lecture

Parce que la couverture est superbe tout comme la plume de Frédérique Deghelt (La grand-mère de Jade, Les brumes de l’apparence…).

Impressions

Dès les premières lignes, je me suis sentie happée par la superbe plume de Frédérique Deghelt. Rarement un début de roman m’a fait cette impression… J’étais sous le charme, envoûtée, émue. Avec Libertango, Frédérique Deghelt offre un magnifique roman sur la puissance de la musique.

A la fin de sa vie, Luis accepte de se confier à une journaliste. Mais Luis n’est pas une personne comme les autres. A plus d’un titre. Il naît handicapé, et est aussitôt rejeté par sa famille qui ne lui prédit aucun avenir. Heureusement, Luis a du caractère et, surtout, un amour passionné pour la musique classique. Malgré son bras gauche qui fonctionne mal, il veut réaliser son rêve : devenir chef d’orchestre.

Libertango est une superbe ode à la différence, à la réalisation des rêves, et au pouvoir de la musique. Car c’est bien la musique qui sauvera Luis, de son handicap, des préjugés, et de son orgueil. Malgré quelques longueurs, Frédérique Deghelt signe là l’un de ses meilleurs romans. Le premier quart est tout simplement magistral, tant l’émotion est présente et le style superbe. Pour tous les amoureux des mots et de  musique. Pour tous ceux qui ont ressenti un jour la musique comme un pansement salvateur.

Un passage parmi d’autres

 A quel moment ai-je réellement entendu un chant, le filet mélancolique et vibrant qu’il produisait ? Au début, j’ai cru que mon âme me distillait de la musique qui ressemblait à mon chagrin. Ça n’aurait pas été la première fois. Je transpirais de peine et de désespoir et cette mélodie était un mirage produit par mon imagination. Devant moi, il n’y avait que des pêcheurs tenant leurs lignes et surveillant la surface de l’eau, et puis un couple assis côte à côte sur des chaises longues. Pourtant, j’entendais bien des notes et je me rapprochais de cette musique, comme par instinct ; j’allais vers elle comme si elle pouvait m’apaiser, et soudain, j’ai vu un musicien. Debout, un pied posé sur une bitte d’amarrage, tenant entre ses mains une sorte d’accordéon, mais plus petit, et noir. Son chant vibrait à l’unisson de mon cœur dévasté, alors je me suis assis et je l’ai écouté. Longtemps. J’ai laissé couler mes larmes. Je me fichais bien qu’il puisse me voir pleurer. Il devait savoir puisqu’il jouait cette musique qui contenait tous mes chagrins. Je n’entendais plus la vérité ou l’offense, je n’étais plus une gangrène ou un pauvre type inutile. J’étais cette musique, ce chant de tristesse qui rythmait la débâcle de mon existence et distillait dans mes vaisseaux son vibrato. La cadence s’est accélérée et j’ai entendu l’inspiration, le murmure d’une plénitude, l’appel vibrant d’un avenir. Or je n’avais jamais pensé à l’avenir.

Frédérique Deghelt – Libertango – mai 2016 (Actes Sud)

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Silo Générations – Hugh Howey

11 mardi Nov 2014

Posted by Aurélie in Romans étrangers, SF

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Actes Sud, Critique de livre, Hugh Howey, roman, Silo, Silo Générations

Hugh Howey - Silo GénérationsLes premières phrases

«  – Il y a quelqu’un ?

– Allô ? Oui. Je suis là. 

– Ah, Lucas. Vous ne parliez pas. L’espace d’une seconde, j’ai cru que… que vous étiez quelqu’un d’autre.

– Non, c’est bien moi. Je viens de mettre mon casque. La matinée a été bien remplie.

– Ah oui ?

– Oui. Rien de palpitant. Réunions de conseils. On est un peu juste au niveau effectifs. Il y a beaucoup de réaffectations.

– Mais les choses s’arrangent ? Pas de soulèvement à signaler ?

– Non, non. La situation revient à la normale. Les gens se lèvent et vont travailler le matin. Ils s’effondrent dans leur lit le soir. On a eu une grande loterie cette semaine, ce qui a fait plus d’un heureux.

– Bien. Très bien, même. Le travail sur le serveur n°6 avance ?

– Oui, ça avance, merci. Tous les mots de passe que vous avez fournis fonctionnent. Pour l’instant, on continue à collecter des données du même genre. J’avoue que je ne comprends pas bien en quoi c’est important.

– Continuez à y jeter un œil. Tout est important. Si c’est là, c’est pour une raison.

– C’est ce que vous avez dit à propos de tous ces articles dans les grands livres. Mais il y en a tant que je trouve absurdes. Au point que je me demande s’il y a la moindre vérité dans tout ça.

– Pourquoi ? Qu’est-ce que vous êtes en train de lire ?

– J’en suis à la lettre C… Ce matin, il s’agissait de ce… champignon. Attendez une seconde. Je vais le retrouver. Ah, le voilà. Le cordyceps.

– C’est un champignon ? Jamais entendu parler.

– Ils disent que ça agit sur le cerveau des fourmis, que ça le reprogramme, comme une machine, que ça les fait grimper au sommet d’une plante et puis elles meurent et…

– Une machine invisible qui reprogramme les cerveaux ? Je suis sûr et certain que ce n’est pas là par hasard.

– Ah oui ? Alors qu’est-ce que ça veut dire ?

– Ça signifie que… que nous ne sommes pas libres. Qu’aucun de nous ne l’est. »

Circonstances de lecture

Troisième et dernier tome de Silo.

Impressions

Hugh Howey a su écrire une trilogie qui tient en haleine du premier au dernier tome. Silo Générations constitue la fin de cette histoire mystérieuse ayant entraîné les hommes à vivre sous terre. Après la révolution du silo 18, Juliette entend bien découvrir ce que les dirigeants du silo 1 leur cachent. Mais la quête de la vérité est aussi source de dangers…

Je n’en dirai pas plus afin de ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir cette trilogie futuriste très bien écrite. Un beau cadeau pour Noël !

Un passage parmi d’autres

 – Alors pourquoi vous nous aidez ? Pourquoi prendre des risques ? Parce que c’est l’impression que j’ai.

– Mon boulot, c’est de faire en sorte que vous restiez en vie.

Lukas contempla l’intérieur du serveur, les voyants, les câbles, les circuits.

– D’accord, mais ces conversations, cette lecture à deux, ces appels tous les jours à la même heure, pourquoi vous faites tout ça ? Je veux dire… Qu’est-ce que vous, vous retirez de tout ça ?

Il y eut un silence à l’autre bout de la ligne, un rare manque d’assurance dans la voix d’habitude si ferme de leur soi-disant protecteur.

– Je le fais parce que… parce que je peux vous aider à vous souvenir.

– Et c’est important ?

– Oui. Très important à mes yeux. Je sais ce que ça fait d’oublier.

– Et c’est pour ça que ces livres sont là ?

Un nouveau silence. Lukas eut l’impression de tomber sur une vérité par hasard. Il faudrait qu’il se souvienne bien de ce moment pour tout raconter à Juliette en détail.

– Les livres sont là pour que ceux qui héritent de la terre… ceux qui seront choisis… sachent…

– Sachent quoi ? le pressa Lukas.

Il avait peur de le perdre. Donald s’était aventuré dans ces eaux-là au fil de conversations précédentes, mais il avait toujours reculé au dernier moment.

– Pour qu’ils sachent comment rattraper le coup, dit Donald. Bon, c’est fini pour aujourd’hui. Il faut que j’y aille.

– Qu’est-ce que ça veut dire, « hériter de la terre » ?

– La prochaine fois. Il faut que j’y aille. Prenez garde à vous.

– Oui, dit Lukas. Vous aussi…

Mais le petit clic avait déjà retenti dans son casque. L’homme qui, étonnamment, en savait autant sur l’ancien monde s’était déconnecté.

Hugh Howey – Silo Générations – 2014 (Actes Sud)

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Confiteor – Jaume Cabré

05 vendredi Sep 2014

Posted by Aurélie in Romans étrangers

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Actes Sud, Confiteor, Critique de livre, Jaume Cabré, roman

Jaume Cabré - ConfiteorLes premières phrases

«  Ce n’est qu’hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j’ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. Tout à coup, j’ai vu clairement que j’avais toujours été seul, que je n’avais jamais pu compter sur mes parents ni sur un Dieu à qui confier la recherche de solutions, même si, au fur et à mesure que je grandissais, j’avais pris l’habitude de faire assumer par des croyances imprécises et des lectures très variées le poids de ma pensée et la responsabilité de mes actes. Hier, mardi soir, en revenant de chez Dalmau, tout en recevant l’averse, je suis arrivé à la conclusion que cette charge m’incombe à moi seul. Et que mes succès et mes erreurs sont de ma responsabilité, de ma seule responsabilité. Il m’a fallu soixante ans pour voir ça. J’espère que tu me comprendras et que tu sauras voir que je me sens désemparé, seul, et que tu me manques absolument. Malgré la distance qui nous sépare, tu me sers d’exemple. Malgré la panique, je n’accepte plus de planche pour me maintenir à flot. Malgré certaines insinuations, je demeure sans croyances, sans prêtres, sans codes consensuels pour m’aplanir le terrain vers je ne sais où. Je me sens vieux et la dame à la faux m’invite à la suivre. Je vois qu’elle a bougé le fou noir et qu’elle m’invite, d’un geste courtois, à poursuivre la partie. Elle sait que je n’ai plus beaucoup de pions. Malgré tout, ce n’est pas encore le lendemain et je regarde quelle pièce je peux jouer. Je suis seul devant le papier, ma dernière chance.

Ne me fais pas trop confiance. Dans ce genre tellement propice au mensonge que sont les Mémoires écrits pour un seul lecteur, je sais que je tendrai à toujours retomber sur mes quatre pattes, comme les chats ; mais je ferai un effort pour ne pas trop inventer. Tout s’est passé de cette façon, et pis encore. Je sais bien que je t’en avais parlé il y a longtemps ; mais c’est difficile et maintenant je ne sais pas comment m’y prendre. « 

Circonstances de lecture

Attirée par la couverture.

Impressions

Confiteor est un grand livre. Un livre exigeant aussi. J’ai dû m’accrocher pendant 100 pages avant de comprendre où l’auteur voulait en venir, et surtout pourquoi il avait choisi ce mode de narration assez déconcertant au début. Jaume Cabré passe ainsi du « je » au « il » dans la même phrase, mais aussi d’un siècle à un autre ! Car le narrateur raconte son histoire et celle de sa famille, alors que sa mémoire commence à défaillir.

Adria nous parle de son enfance, tiraillé entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le rêve en violoniste. Il nous raconte l’histoire familiale, mais aussi celle d’objets emblématiques : un violon, une médaille et un vieux torchon souillé. Il rédige ainsi sa confession. Une confession qui nous entraîne de l’Espagne de Franco à l’Inquisition en passant par le nazisme, à la poursuite de l’origine du Mal.

Si les modes narratifs déconcertent au début, tenez bon. Une fois tous les morceaux du puzzle reconstitués, ce roman en vaut vraiment la peine !

Un passage parmi d’autres

 Tu as remarqué que la vie est un hasard insondable ? Des millions de spermatozoïdes du père, un seul féconde l’ovule qu’il faut. Que tu sois née ; que je sois né, ce sont des hasards immenses. Nous aurions pu naître des millions d’êtres différents qui n’auraient été ni toi ni moi. Que nous aimions Brahms l’un et l’autre est aussi un hasard. Que dans ta famille il y ait eu tant de morts et tellement peu de survivants. Tout est un hasard. Si l’itinéraire de nos gènes et nos vies ensuite avaient bifurqué à l’un des millions de carrefours possibles, on n’aurait même pas pu écrire tout ceci, qui sera lu par je ne sais qui. Vertigineux.

Jaume Cabré – Confiteor – 2013 (Actes Sud)

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Silo Origines – Hugh Howey

16 mercredi Juil 2014

Posted by Aurélie in Romans étrangers, SF

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Actes Sud, Critique de livre, Hugh Howey, roman, Silo, Silo Origines

Hugh Howey - Silo OriginesLes premières phrases

«  2110

Sous les collines du comté de Fulton, dans l’État de Géorgie

A son retour parmi les vivants, Troy était dans une tombe. Il se réveilla dans un espace confiné, le visage tout près d’une vitre givrée.

De l’autre côté de cette couche de glace, des silhouettes s’affairaient. Il essaya de lever les bras, de frapper à la vitre, mais il n’avait pas assez de force. Il tenta un cri, mais ne réussit qu’à tousser. Il avait un goût atroce dans la bouche. A ses oreilles retentirent le bruit métallique de gros verrous qu’on ouvrait, un chuintement d’air, le grincement de gonds restés longtemps en sommeil.

La lumière était vive ; les mains sur sa peau, chaudes. Ils l’aidèrent à s’asseoir tandis qu’il toussait encore et que son souffle se condensait en petits nuages. On lui tendit de l’eau. Des pilules. L’eau était fraîche et les pilules, amères. Il parvint à avaler quelques gorgées. Il était incapable de tenir son verre seul. Ses mains tremblaient tandis qu’une déferlante de scènes cauchemardesques lui revenait en mémoire. Le passé lointain se mêlait aux souvenirs récents. Il frissonna.

Une blouse en papier. Le picotement du sparadrap qu’on arrache, à son bras. Un tuyau qu’on retire de son entrejambe. Deux hommes en blanc l’aidèrent à sortir du cercueil. De la vapeur s’éleva tout autour de son corps avant de se dissiper.

Assis, ébloui, Troy regardait, à travers le clignement de ses paupières restées longtemps fermées, les rangées de cercueils pleins de vie qui s’étendaient à perte de vue le long des murs incurvés. Le plafond lui semblait bas, impression renforcée par toute la terre qui s’amoncelait au-dessus d’eux. Et par les années. Tant d’années avaient passé. Tous ceux qu’ils chérissaient auraient disparu à présent.

Tout avait disparu. « 

Circonstances de lecture

Suite du premier tome de cette trilogie de Hugh Howey.

Impressions

Comme son nom l’indique, « Silo Origines » revient aux origines de l’histoire du silo. Ce second volet de la trilogie de Hugh Howey parle donc de ce qui a poussé les hommes à s’enterrer dans les profondeurs de la terre. Un roman de SF intelligent, très bien écrit, qui se lit en quelques jours. Je ne dirai rien de plus de peur de spoiler ceux qui n’ont pas encore lu le premier volet, « Silo ». Pour ménager le suspens, lisez bien « Silo » avant « Silo Origines »! Vivement le troisième tome !

Un passage parmi d’autres

 Troy marchait le long de la rangée de cryopodes comme s’il savait où il allait. C’était ce même instinct qui lui avait fait choisir cet étage précédemment dans l’ascenseur. Chaque écran affichait un nom inventé. Il le savait. Il se rappelait avoir inventé le sien. Ça avait un rapport avec sa femme, c’était une façon de lui rendre hommage, mais aussi un moyen secret qu’il avait trouvé pour se souvenir un jour.

Tout cela était un rêve oublié, enfoui dans les brumes du passé. Avant qu’il prenne son poste, il y avait eu une formation. Des livres à lire et à relire. C’est à cette époque qu’il avait choisi son nom.

Une explosion d’amertume sur ses papilles l’obligea à s’arrêter. C’était le goût d’une pilule en train de se dissoudre. Il tira la langue, la frotta du bout des doigts, mais il n’y avait rien. Il sentait les ulcères qu’il avait sur les gencives mais ne se rappelait pas comment ils avaient pu se former.

Il continua à avancer. Quelque chose clochait. Ces souvenirs n’étaient pas censés lui revenir. Il se vit sur un chariot en train de crier, de se faire attacher, piquer le bras. Mais non, ce n’était pas lui. Lui, il tenait les bottes de l’autre homme.

Il s’arrêta devant l’un des podes et lut le nom d’Helen. Il eut un haut-le-cœur. Il ne voulait pas se rappeler. Tel était l’ingrédient secret : ne pas vouloir se rappeler. Ces souvenirs étaient censés lui échapper, devaient se prendre dans les tentacules des médicaments pour disparaître sous la surface. Mais à présent, une infime partie de lui mourait d’envie de tout savoir à nouveau. Un doute le rongeait, l’impression d’avoir laissé derrière lui une part cruciale de lui-même. Et cette infime partie de lui était prête à le noyer tout entier pour avoir des réponses.

Hugh Howey – Silo Origines – 2014 (Actes Sud)

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Les brumes de l’apparence – Frédérique Deghelt

19 jeudi Juin 2014

Posted by Aurélie in Romans français

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Actes Sud, Critique de livre, Frédérique Deghelt, Les brumes de l'apparence, roman

Frédérique Deghelt - Les brumes de l'apparenceLes premières phrases

«  Peut-être qu’à un moment je me suis dit qu’il valait mieux oublier tout ça, ne jamais en parler à personne, continuer ma vie qui, somme toute, me plaisait bien. Peut-être qu’il est impossible d’oublier ce qu’on a vu quand on ouvre une porte sur l’inconnu et qu’on comprend que de l’autre côté il se passe quelque chose d’immense. Peut-être que je me raconte des histoires et que tout ce qui est arrivé là, je l’avais désiré, manigancé à mon insu.

Le temps n’a plus d’importance. Je suis comme les enfants, comme les vieux et les âmes libres. Une minute peut me paraître une éternité, et cent ans un instant. Il suffit que je le décide. J’hésite entre la fiction et la réalité, mais raconter une histoire comme un joli conte de fées, c’est toujours la même imposture : rien n’est autobiographique, mais tout est vécu. Qu’est-ce que je pense maintenant du parcours de cette fille qui a grandi sans trop de problèmes et qui est devenue une femme, ni meilleure ni pire qu’une autre ; une femme comme il en existe des milliers, flanquée d’un mari, d’un enfant, une bourgeoise sans prétention qui vit comme on roule sur une autoroute, en mettant de l’essence dans le véhicule et en payant le péage jusqu’à destination ? « 

Circonstances de lecture

J’avais beaucoup aimé un de ses précédents romans, « La grand-mère de Jade ».

Impressions

Gabrielle est une Parisienne, à l’aise les pieds solidement posés sur le bitume, un brin allergique à ce qui se passe de l’autre côté du périphérique. Alors, quand elle reçoit en héritage une maison abandonnée en province, isolée dans une forêt que les gens du coin disent hantée, elle n’a qu’une idée : la vendre au plus vite pour s’en débarrasser. Évidemment, rien ne se passe comme prévu. Ce lieu finit par l’attirer… et va lui révéler des pouvoirs et un passé dont elle ignorait tout.

Une belle histoire, entre fiction et réalité, dans laquelle Frédérique Deghelt aborde ces faits étranges que l’on tend généralement à évacuer d’un revers de la main ou d’un haussement d’épaules. Ces petites choses qui surviennent au-delà de toute logique. Combattre les préjugés, s’accepter comme l’on est, voir au-delà des apparences, croire en l’impossible, voilà ce que nous propose Frédérique Deghelt. Si la deuxième moitié du roman m’a moins emportée, « Les brumes de l’apparence » demeure tout de même une de mes lectures préférées de ces derniers mois.

Un passage parmi d’autres

 La France sauvage, je ne la connais pas, je ne la recherche pas, et le plus drôle c’est que je suis en train de me demander si je n’ai pas tort.

Quelques petits points rouges à travers le feuillage attirent mon attention. Un cerisier sauvage qui, probablement, a destiné ses fruits aux oiseaux depuis fort longtemps. Quand je vois des cerises à Paris, je pense aux clafoutis que je mangeais autrefois. Quand je goûte les premières cerises, chaque début d’été, une bouffée d’enfance remonte de je ne sais où. Je revois un arbre que j’adorais, mais où était-il ? Quelque chose en moi a envie de dire que j’y allais avec ma grand-mère dans un jardin dont je ne sais plus le nom, mais je n’ai pas le souvenir d’une aïeule, ni d’une récolte de cerises en sa compagnie. Pourtant je me revois, bien cachée sur une branche, avec la sensation d’être perchée sur l’univers le plus gourmand du monde. Je remplissais mon ventre et mon panier. Je tachais mes habits, je crachais les noyaux, où était-ce ? Seule la mémoire des papilles me jette dans cette euphorie. A Paris, les fruits n’ont pas d’odeur. Les fraises sont devenues comme les gens, ils ne sentent plus rien. J’en oublie la rivière. Une branche plus basse, je l’utilise comme appui. Les oiseaux ont déjà picoré, mais il en reste encore de bien mûres que je vais me faire une joie de leur disputer. J’ai envie d’éclater de rire. Seule, perchée sur ma branche avec mes gourmandises d’un franc rouge foncé. Je les ai mises sur chaque oreille, je retombe en enfance et ça fait un bien fou. Et me vient une idée plus folle encore : y a-t-il eu un moment où je ne détestais pas la campagne ? Peut-être, quand j’étais très petite. Avant que la ville ne devienne mon terrain de jeu exclusif.

Frédérique Deghelt – Les brumes de l’apparence – mars 2014 (Actes Sud)

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