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« C’est la varicelle qui confirme mes soupçons : mon mari me trompe à nouveau.
Je découvre le premier bouton sur Annie le matin de la fête des Goodwin. Elle est dans son bain, la fenêtre de la pièce révèle un carré bleu pâle de ciel d’hiver et les branches nues des platanes projettent des ombres tranchantes sur le carrelage blanc. Assise en tailleur dans l’eau à peine tiède, Annie remue les lèvres – elle chante une chanson secrète pour les animaux en plastique qui flottent autour d’elle. Annie refuse de prendre son bain si la température est supérieure à celle du sang, elle n’aime pas les aliments trop salés, trop sucrés ou trop amers, et ses histoires préférées sont celles où il ne se passe rien. D’une manière générale, elle se méfie des extrêmes. Physiquement, je m’inquiète beaucoup plus pour elle que pour Callie, mon aînée. Annie est si frêle, si petite pour son âge. D’ailleurs, on lui donne souvent moins que ses neuf ans. Je m’inquiète aussi pour Callie, mais pour d’autres raisons ».
Impressions
Après « La dernière maison avant les bois » et « Mirror Bay » que j’avais adorés, je ne pouvais qu’attendre avec impatience le dernier roman de l’autrice Catriona Ward, paru chez Sonatine. Encore une fois, Catriona Ward a su me tenir en haleine dès les premières pages.
Dès les premières lignes, on se rend compte que quelque chose cloche au sein de cette famille. La mère, Rob, ne s’entend plus avec son mari Irving. Il l’a à nouveau trompée. Ils n’arrêtent pas de s’envoyer des piques. Mais surtout, Rob s’inquiète pour ses filles, Annie, la plus petite, à la santé fragile, et Callie, son aînée, qui semble parler à des amis imaginaires et qui confectionne des collages d’ossements d’animaux morts. Alors, pour tenter d’aider sa fille aînée, Rob décide de l’emmener à Sundial, le ranch familial situé en plein désert californien, et de laisser sa cadette sous la garde de son père.
Impossible d’en dire plus sans trop en révéler. Sachez simplement que l’ambiance est malaisante et que ce sentiment ne fera qu’augmenter au fil des pages. Catriona Ward a le don pour nous faire douter de tout, pour brouiller les pistes, glisser quelques détails semblant à première vue insignifiants. Ici, elle décortique les relations familiales, en particulier les relations mère/fille et entre sœurs, et la question de l’acquis et de l’inné, de l’influence du sang et du passé. C’est un thriller psychologique brillant, qui glisse par moments dans l’horrifique tant la tension est prégnante et la violence de certaines scènes particulièrement dérangeante. Ce fut une lecture angoissante, éprouvante et terriblement prenante. D’autant que, dans la postface, l’autrice révèle sa source d’inspiration, donnant ainsi encore plus de sens à son histoire.
Catriona Ward – Un cri dans le désert – Février 2025 – Sonatine – traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Szczeciner




Les premières phrases



