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Les premières phrases
« La nuit. District Trois de la zone autonome d’échanges de Hô Chi Minh.
La pluie courait sur l’auvent en plastique du café. Sous cet abri, enveloppé par la vapeur de la cuisine et les bavardages des clients, les serveurs passaient entre les tables en portant des bols de soupe fumante, des verres de café glacé et des bouteilles de bière.
Des motos électriques filaient au-delà du rideau de pluie comme des poissons luminescents. »
Circonstances de lecture
Parce que ce titre m’intriguait.
Impressions
Il n’existe pas d’espèces plus antisociales que les pieuvres. Elles vivent seules, et quand elles se rencontrent, elles n’hésitent pas à s’entredévorer plutôt qu’à nouer un lien entre elles. Pourtant, l’archipel de Côn Dao pourrait bien abriter un mystère : une créature habiterait dans ses eaux, générant rumeurs de monstre marin chez les uns, et espoirs d’une découverte scientifique majeure chez les autres. C’est là que débarque la scientifique Ha Nguyen, autrice de l’essai « Comment pensent les océans », avec une seule obsession : communiquer avec cette créature. Pour ce faire, elle devra travailler avec une gardienne de l’île assez spéciale et un chef d’équipe androïde, seul être artificiel doté d’une conscience.
À des kilomètres de là, des hommes sont kidnappés et servent d’esclaves sur des navires de pêche essayant de rafler les derniers poissons d’océans appauvris.
Sur le continent, des ingénieurs sont « embauchés » par une femme au visage masqué, pour tenter d’infiltrer un mystérieux programme.
Ces trois points de vue s’enchaînent sans jamais nous perdre. J’avais peur d’une lecture difficile à appréhender. Il n’en est rien. Au contraire, les chapitres courts rendent la lecture très fluide. Chacun commence par une citation tirée de l’essai de Ha, « Comment pensent les océans » ou de la femme qui l’a embauchée, « Fabriquer des esprits ». C’est un roman passionnant, qui aborde des thèmes avec brio : l’intelligence artificielle, la surpêche, les progrès technologiques (et leurs pendants négatifs), la conscience, la communication inter-espèces, le langage, la culture, la préservation de la faune… Et le tout se lit comme un thriller. Voici un roman qui m’a profondément marquée, tant par son intelligence que par la pertinence de son propos.
Ray Nayler – La montagne dans la mer – Septembre 2024 – Le Bélial (traduit de l’américain par Henry-Luc Planchat)

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